Passer la flamme – Versailles (23 juillet 2024)

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Image : Passer la flamme - Versailles
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À l’occasion du relai de la flamme olympique, Angélique Nouvel et Flavien Villard, les auteurs de Les Jeux Olympiques ou l'incroyable histoire de Kallipateira (Les Petits Grecs, 2024), nous présentent les origines antiques de quelques villes étapes.

Les Romains auraient-ils aimé Versailles ? Nous ne le saurons jamais et pourtant, sans être d'origine antique, le château et ses jardins sont des lieux à la gloire des dieux de la mythologie gréco-romaine et des grands personnages qui ont marqué l'Histoire. Nous sommes bien loin de l'étymologie de Versailles qui renvoie à un « espace dénudé, sans herbe, labouré » en ancien français. S'il est peu probable que la flamme olympique traverse la cabinet de Diane montrant Alexandre le Grand terrassant un lion, le salon d'Hercule qui voit l'apothéose du héros ou celui de Mars mettant en scène César qui passe ses légions en revue, des relayeurs parcourront certainement les jardins et pourront admirer, entre deux foulées, leurs superbes fontaines. Beaucoup sont à la gloire d'Apollon, figure tutélaire choisie par Louis XIV pour symboliser sa puissance et son amour pour les Arts, la lumière et le Beau en général. Ainsi, le bassin du dragon rappelle la lutte épique entre Apollon et le serpent Python, le bassin de Latone rend hommage à la mère des jumeaux divins protégeant sa progéniture face à l'affront des paysans de Lycie et enfin le bassin d'Apollon représente le dieu jaillissant des flots sur son char. Cette passion pour l'Antiquité et ses amours avec Madame de Montespan inspirent également Louis XIV quand il commande le palais qui sera appelé le Grand Trianon et dont les décors mettent en scène de nombreux passages des Métamorphoses d'Ovide. Dans l'appartement du Roi-Soleil par exemple, les fresques représentent tour à tour Apollon qui rend visite à Thétys, la Titanide, la nymphe Clytie, dont l'amour est dédaigné par le dieu à l'arc d'argent ou encore sa soeur jumelle, Diane, qui se prélasse avec les nymphes tandis que le soleil se lève. Ce lieu rend donc, à lui seul, un vibrant hommage à la culture antique et est un témoignage du vif engouement qu'elle a suscité chez Louis XIV et ses contemporains. Quand les spectateurs verront les porteurs de la flamme olympique franchir la grille royale du château, quelques-uns se souviendront peut-être de l'ode à Versailles composée par Chénier, poète français passionné par l'Antiquité gréco-romaine, qui louait ses « Marbres vivants, berceaux antiques », « Les chars, les royales merveilles » ou son « Silence, fertile en belles rêveries » (« Versailles », Elégies).

Angélique Nouvel et Flavien Villard

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