Chaque jour, un nouveau mythe à dévorer dans votre calendrier de l'avent mythologique ! Retrouvez-les tous dans la Bibliothèque mythologique idéale ! Par Laure de Chantal
Voici aujourd'hui un texte de Lactance.
On nous demandera sans doute sur quoi nous fondons cette interprétation : nous répondrons que c’est sur d’anciens mémoires. Évhémère nous les fournira ; c’est un auteur digne de foi, et qui vivait il y a plusieurs siècles. Il a écrit l’histoire de Jupiter et des autres dieux, et il l’a composée des inscriptions et des autres monuments sacrés, qui se voyaient de son temps dans de vieux temples, et particulièrement dans celui de Jupiter Triphyllien, où on lisait sur une colonne les exploits glorieux de ce roi du ciel. Il paraissait même par l’inscription qu’il se l’était lui-même dressée pour conserver la mémoire de ses belles actions, et les faire passer jusqu’à la postérité la plus éloignée. Ennius nous a donné cette histoire en latin : voici ce qu’il en dit. « Jupiter, dit-il, laissa à Neptune l’empire de la mer, c’est-à-dire qu’il lui confia le gouvernement des îles et des côtes. » Ce qui peut encore avoir donné lieu d’appeler Jupiter roi du ciel est la signification équivoque de l’Olympe, qui tantôt est pris pour une montagne, et tantôt pour le ciel ; car il paraît, par l’histoire que je viens de citer, que Jupiter demeurait sur le mont Olympe. « En ce temps-là (continue l’historien) Jupiter passait une partie de l’année sur l’Olympe, et il y rendait la justice à ses sujets. Il avait pareillement ordonné que ceux qui auraient fait quelque nouvelle découverte, soit dans la nature, soit dans les arts, qui fût utile au public, eussent à lui en venir rendre compte en ce lieu. »
C’est donc ainsi, comme nous l’avons déjà dit plusieurs fois, que les poètes se servent de figures pour exprimer leurs pensées d’une manière plus noble et plus agréable. Ceux qui ignorent ces secrets de l’art regardent les poètes comme des imposteurs et des sacrilèges. Et c’est aussi ce qui a trompé plusieurs philosophes, qui, considérant que ce qui se publiait de l’homme ne pouvait convenir au dieu, se sont imaginé qu’il y avait eu deux Jupiter, l’un réel et l’autre fabuleux. Ils voyaient clairement que celui dont parlent les poètes n’avait jamais été qu’un homme ; et cependant entraînés par la multitude et par les préjugés, que l’esprit ne reçoit que trop facilement en matière de religion, ils donnèrent à un homme le nom de dieu, et le fils de Saturne et de Rhéa devint, du consentement de ces grands génies, le maître du ciel et de la terre. […]