Tous les jeudis, Antoine Houlou-Garcia vous fait aimer les mathématiques à travers la philosophie, l'art, la mytholgie et l'histoire antique !
En complément de la vidéo n°44, voici la description détaillée de l’examen que Pythagore faisait passer à ses postulants :
Lorsque des jeunes gens venaient pour recevoir son enseignement, il ne les acceptait pas avant de les avoir soumis à une épreuve et à un examen. Il cherchait d'abord à savoir quelles relations ils entretenaient avec leurs parents et avec les autres membres de leur famille. […] Puis il considérait s'ils riaient de façon intempestive, s'ils restaient silencieux et s'ils bavardaient plus qu'il ne fallait. Il cherchait à savoir en outre quels étaient leurs désirs, quels amis ils fréquentaient et quel genre de rapports ils avaient avec eux, à quoi ils consacraient la plus grande partie de la journée, et ce qui leur apportait joie et peine. Il observait en outre leur aspect, leur façon de marcher et en général leur façon de mouvoir leur corps, et, en utilisant les indices que lui fournissait la nature pour mener une enquête physiognomonique, il interprétait les mouvements de leur corps comme des signes des traits de caractère qui restent invisibles dans l'âme. Et celui qu'il avait soumis à cet examen, il l'abandonnait pendant trois ans en le regardant de haut, pour évaluer à quel point il était persévérant, si son désir d'apprendre était véritable et s'il était assez prémuni contre l'opinion pour faire fi des honneurs. Après ces trois ans, il imposait à ceux qui s'attachaient à lui un silence de cinq ans, pour vérifier à quel point ils se maîtrisaient, car la plus difficile de toutes les maîtrises est celle qu'on impose à sa langue, comme nous le font voir aussi ceux par qui ont été institués les mystères. s'ils étaient renvoyés, ils recevaient le double de leurs biens, et, comme s'ils étaient morts, un tombeau leur était élevé par les « co-auditeurs » (c'est le nom que l'on donnait à tous les disciples de Pythagore). Lorsqu'ils rencontraient ceux qui n'avaient pas été admis, les disciples faisaient comme s'ils rencontraient d'autres personnes, car, disaient-ils, ceux qu'ils avaient tenté de « modeler » étaient morts, étant donné qu'ils s'attendaient à ce que les enseignements qu'ils avaient reçus fissent d'eux des individus parfaits. Ceux qui n'avaient pas été réceptifs à ces enseignements étaient considérés comme « désorganisés » et, pour ainsi dire, comme immatures et stériles.
Jamblique, Vie de Pythagore, 71-73