Chaque semaine, un hypokhâgneux, du groupe de grec confirmé (ils se font rares…) ou du groupe des débutants (ils sont un peu plus nombreux…) vous livre ses impressions, et rien que ses impressions, sur les déclinaisons, les conjugaisons, le vocabulaire et la syntaxe…en toute décontraction !
Semaine 4
Depuis notre jeune intégration en tant qu’hellénistes débutants, nous avons parcouru du chemin. Le problème ? Le grec ne marche pas, il court et nous pauvres asthmatiques que nous sommes, traînons à l'arrière en essayant déjà de ne pas le perdre de vue. À peine avions-nous appris à marcher que l'on se pensait capable de parcourir le monde, et bien non, pour l'instant nous tentons tant bien que mal de tenir debout malgré les contractions et les déclinaisons qui nous barrent la route. Si seulement le chemin n'avait été que piégé, la vie aurait été bien douce, mais non le grec pense à tout, les propositions subordonnées relatives nous tirent dans les pieds. Mais la pire de tous, l'ennemie suprême, épouse du grec et toujours dans son ombre : l'accentuation nous regarde vaciller, un sourire en coin, sachant que c'est elle qui portera le coup fatal. Mis à part ces quelques obstacles, l'helléniste se relève toujours et apprend de plus en plus à tomber sans douleur ; nous ne perdons pas espoir de pouvoir un jour retracer l'Odyssée plus rapidement qu'Ulysse lui-même.
Nous vous disons « pschitt » et à la semaine prochaine !
Lou-Anne H812
Semaine 5
Jamais encore siècle ne s’était si bien employé à se faire l’auxiliaire de la science. Le notre se plie aux théories avec docilité, fournit de bon gré l’illustration de ce qu’on a déjà prouvé. L’une de ses réussites est d’avoir montré que la soif de savoir s’étanche plus vite lorsque la connaissance se fait plus rare. Sans doute faut-il voir là un moyen d’amener les plus irréductibles d’entre nous à reconnaître au vivant une certaine capacité d’adaptation aux restrictions qui leur sont imposées. Toujours est-il que l’expérience n’admettait pas de cas particulier : l’helléniste fut de ses victimes. Vraiment ? C’est l’idée du professeur. Son φάρμακον : le devoir surveillé. Chacun traduira comme il lui plaira.
Il fut convenu de la nécessité de nous contraindre à digérer les désinences pour lesquelles nous n’avions pas d’appétit, attendu que nous étions les malheureux produits d’un monde avare de notions grammaticales dont les privations avaient engendré la première génération d’hypokhâgneux à trébucher sur les rudiments de sa propre langue. Bientôt nous nous trouvâmes devant le sujet qui devait motiver nos efforts. Nous n’y vîmes qu’une injonction. « Déclinez ! », disait-il. Du mouton au juge, tous y passèrent. Certains subirent des variations morphologiques d’une barbarie sans pareille. Enfin Socrate et Critobule tinrent des propos qu’on ne trouvera pas chez Xénophon. Il convient néanmoins de rappeler que nos versions ne sont en rien des sacrilèges. Au contraire, contresens et faux sens immolent les Anciens à la Langue Grecque. Tenue pour morte, celle-ci ne doit sa subsistance qu’à ces erreurs, nécessaires à la formation des quelques courageux élèves qui s’appliquent à l’apprendre.
Ce faible raisonnement ne parviendra peut-être pas à justifier le massacre de l’Économique. Qu’il témoigne pour le moins de notre enthousiasme.
Nous vous disons « pschitt » et à la semaine prochaine !
Thaïs H812