Entretien latin avec Séverine Clément-Tarantino

Média :
Image : Entretien Séverine Clément-Tarantino
Texte :

Maîtresse de conférences en langue et littérature latines à l'Université de Lille, Séverine Clément-Tarantino nous fait l'honneur d'un entretien exclusif pour nous présenter CLIO, le Circulus Latinus Insulensis Online, qu'elle a fondé en 2019.

 

La Vie des Classiques : Comment vous présenter ? Quelles ont été les rencontres, de chair ou de papier, qui ont été déterminantes ?
Séverine Clément-Tarantino : Je suis maîtresse de conférences en langue et littérature latines à l’Université de Lille depuis 2009 et je viens du Bassin d’Arcachon, plus précisément de la commune du Teich (prononcer « Tèche »). Entre Le Teich et Lille, il y a eu des professeur-e-s à qui je dois beaucoup ; cela me ferait plaisir de les nommer : Marguerite Lebreton, dont les cours m’ont émerveillée au lycée (Grand-Air, à Arcachon) et qui m’a poussée pendant plusieurs années au-delà ; Françoise Daspet et François Martin, qui m’ont fait vraiment aimer le latin alors que j’étais en première année de Lettres modernes à « Bordeaux III » et qui m’ont aidée à revenir en classes préparatoires ; Monique Perrin, qui à Camille-Jullian, m’a fait devenir une Lettres classiques et qui m’a appris tant et tant ; Henri Louette, pendant mes premières années à l’ENS, un Maître aussi impressionnant que bon ; puis, entre Fontenay, Paris, Lyon et Lille, Gérard Salamon, Bruno Bureau, Jacqueline Dangel, Alain Deremetz, Jean-Christophe Jolivet ont chacun/e contribué à faire de moi une certaine latiniste. Côté papier, la vraie rencontre, même si je ne saurais la dater ni l’expliquer, concerne Virgile. Puis ses successeurs (j’adore observer les « dynamiques » de la tradition de l’épopée romaine). Puis ses commentateurs (lire les commentateurs, que ce soit Servius, Tiberius Donat ou Juan Luis de la Cerda, me procure un plaisir immense). Depuis quelques années, toutefois, d’autres rencontres déterminantes ont eu lieu : je pourrai sans doute en parler après.

 

L.V.D.C. : Comment vous êtes-vous mise au latin et au grec et comment avez-vous entretenu la flamme ?
S. C.-T. : Au lycée, je voulais devenir interprète et travailler avec les langues vivantes (l’anglais, l’allemand, et peut-être surtout le russe). Un souci de santé m’a fait dévier pendant un an et je suis partie en Lettres modernes. C’est la professeure de latin qui m’a accueillie en classes préparatoires, Monique Perrin, qui a vu en moi une Lettres classiques. Cela n’a pas été facile de me mettre au grec en accéléré et j’ai toujours gardé un complexe vis-à-vis de cette langue. Pour le latin, c’est une langue que je n’ai jamais cessé d’aimer. Mais ce dont je suis en train de me rendre compte, c’est que jusqu’à il y a quelques années, je ne l’ai pas vraiment aimée en tant que langue, puisque je ne la pratiquais pas. En 2019, je crois que la flamme avait effectivement besoin d’être ravivée : je ne me remercierai jamais assez d’avoir eu l’idée de rejoindre, depuis Milan où j’étais en colloque, Florence, où Giampiero Marchi organisait le premier week-end en immersion linguistique (le premier « LILIUM ») de GrecoLatinoVivo. Là, dès les premiers mots d’accueil en latin, ma vie a été bouleversée. Toutes les scholae que j’ai suivies pendant ces deux jours, tous les échanges que j’ai pu avoir avec les autres participant-e-s ont été autant de déclics. Pendant un cours de Vukašin Miljković, j’ai eu le sentiment de lire pour la première fois des vers de Virgile ; après deux scholae de Roberto Carfagni, j’étais persuadée d’avoir trouvé un nouvel objectif et un nouveau sens à mon cursus et à ma vie de latiniste. Une autre rencontre – virtuelle – s’est passée peu après dont je voudrais aussi dire quelque chose : lors du premier confinement en 2020, comme je cherchais des cours et des occasions de pratiquer le latin en ligne, j’ai osé me rapprocher du Lupercal, une association dont j’avais entendu parler via GrecoLatinoVivo. J’ai ainsi eu le bonheur de connaître Skye Shirley (la fondatrice du Lupercal) et toutes ses actions en faveur des femmes latinistes, mais aussi en faveur de la redécouverte des autrices latines. C’est ainsi que j’ai eu la chance, incroyable, de sentir ma flamme de latiniste se raviver une deuxième fois en peu de temps : grâce à Skye Shirley, j’ai découvert des autrices qui ont écrit des textes extraordinaires ; et pour rien au monde maintenant, je ne voudrais cesser de fréquenter voire d’étudier ces textes. Le Lupercal visant à encourager les femmes à s’approprier la pratique « active » du latin, quand je lis Martha Marchina ou Laura Cereta avec des amies d’outre-Atlantique ou françaises, je réunis le plus souvent mes deux nouvelles passions : la pratique du latin et la lecture de textes écrits par des femmes illustres.

 

L.V.D.C. : Vous dirigez CLIO : que se cache-t-il derrière la muse de l’histoire ?
S. C.-T. : CLIO est l’acronyme que j’ai trouvé pour désigner le Circulus Latinus Insulensis, le Cercle latin de Lille (parce que je vis à Lille et que je l’ai fondé à Lille), une fois que nous avions décidé de le doter d’une identité visuelle (nous devons notre logo à Maddy Sylla) puis de passer d’un groupe informel à une association. Le « O » désigne tantôt « on-line » puisque la plupart de nos réunions se font à ce jour encore « en ligne », tantôt « officina », par exemple pour le carnet de recherches que nous alimentons sur hypotheses.org. Par ailleurs, je suis très attachée aux figures des Muses, sur lesquelles j’avais beaucoup travaillé pendant ma thèse de doctorat dédiée à l’Énéide de Virgile. La référence à Clio dans le cas du Circulus ne vise pas tant la Muse de l’histoire que celle qui est presque l’égale de Calliope, la ductrix des Muses ; et parce que je reste obsédée par la notion de fama (la figure de Fama était majeure dans ma thèse), le lien avec kleos, aussi, me plaît beaucoup. Mais il ne s’agit pas tant d’obtenir la gloire que de faire voler les mots latins de bouche en bouche.
Par ailleurs, même si nous disons « le » CLIO, l’idée d’une divinité inspirante et protectrice est maintenue par la membre d’honneur de l’association, que nous voyons plutôt comme une marraine, Irene Regini (Satura Lanx).

 

L.V.D.C. : Comment est née l’idée ? Quelles surprises ou quelles difficultés avez-vous rencontrées ?
S. C.-T. : Au retour du week-end à Florence que j’ai mentionné, je savais que si je voulais m’y mettre pour de bon et progresser sans tarder, je devais pratiquer. J’ai hésité, bien sûr, avant de franchir le pas, d’autant que je suis timide et que je manque terriblement de confiance en moi. Mais ma détermination a été plus forte et le soutien immédiat de quelques personnes (mon amie Océane Puche, ma collègue et amie Peggy Lecaudé, ainsi que Theo Polychronis et Rémi Bernard, qui ont participé aux quelques séances qui ont eu lieu sur place, à l’Université de Lille, au printemps 2019) m’a permis de démarrer. La mauvaise surprise, ensuite, est venue de l’épidémie de COVID qui m’a poussée à opter (ou bien nous arrêtions) pour un fonctionnement en ligne. La très bonne surprise est que ce fonctionnement en ligne a permis à des personnes de différentes régions de France de participer. Le Circulus Insulensis n’était plus seulement Insulensis, « de Lille », mais il était né pour de bon ! Et nous sommes une dizaine à nous retrouver plusieurs fois par semaine pour pratiquer le latin – certain-e-s d’entre nous ont même commencé à s’entre-former en grec. Le grex qui fait le socle du CLIO réunit des personnes qui sont devenues, les unes pour les autres, plus que des sodales, mais de vrai-e-s ami-e-s.
Pour ce qui est des difficultés, elles concernent surtout le retour à une forme de normalité et des rencontres in praesentia que je voudrais régulières. Entre membres du CLIO habitant dans des lieux distants, nous parvenons à organiser de temps en temps des retrouvailles et des séjours en immersion. Mais je voudrais que le CLIO s’implante aussi physiquement à Lille et propose des activités tant à l’Université, pour les étudiant-e-s qui souhaitent se former aussi à la pratique du latin, qu’à l’extérieur, en ville, à destination de publics variés (enfants, amateurs/-trices…). Je vais m’efforcer de dédier du temps à cela dans les prochains mois.

 

L.V.D.C. : À qui s’adressent les rencontres en ligne ? Quel niveau de latin faut-il avoir ?
S. C.-T. : Nous avons plusieurs sortes de séances : nous sommes passé-e-s d’une à quatre en deux ans ! D’une manière générale, ces séances s’adressent aux personnes ayant envie de s’initier ou de s’adonner à la pratique de la langue latine ; on peut être débutant-e en latin oral, mais pas débutant-e- complet/complète en latin. Dans les faits, nous ne faisons pas que converser, nous nous appuyons plutôt sur des textes, et nous travaillons aussi la compréhension (orale et écrite) et l’expression (également écrite). La particularité des sessions de CLIO telles qu’elles existent jusqu’à maintenant est que même si certain-e-s d’entre nous sont un peu plus avancé-e-s que d’autres, ce ne sont pas véritablement des cours : il s’agit plutôt d’entraide ou d’entre-formation ; à mesure qu’ils ou elles se sentent prêt-e-s et s’ils ou si elles en ont envie, les sodales peuvent proposer d’animer ou de « conduire » une séance (ou plusieurs d’affilée).
Ce qui nous manque désormais, c’est une séance qui permette à de nouvelles personnes de se lancer ! (Et je ne reviens pas sur mon désir de « faire prendre » des rencontres in praesentia, à Lille et environs.) Nous allons sans doute revoir notre planning de rencontres en ligne à la rentrée de septembre, de manière à avoir un tel temps qui permette aux débutant-e-s (dans le maniement de la langue) de s’y mettre. Par ailleurs, nous envisageons de présenter une offre de cours structurés qui seront, eux, payants.

 

L.V.D.C. : Faut-il être sur place ? Quelles sont les modalités pratiques ?
S. C.-T. : Pour l’instant, comme je l’ai dit, nous continuons de fonctionner en ligne, donc il n’est pas nécessaire d’habiter Lille ou sa région pour participer.
Jusqu’à la fin de cette année scolaire/universitaire 2021-2022 nous avons l’organisation suivante : la session « historique », si j’ose dire, est celle du vendredi de 17h à 18h, où nous avons le plus d’activités différentes : lecture de textes d’auteurs ou d’autrices, descriptions d’images ; depuis cette année, nous avançons aussi dans la lecture de Roma aeterna, le vol. 2 de Lingua Latina Per Se Illustrata (LLPSI). Le vendredi de 18h à 19h, nous avançons dans Familia Romana, que nous finirons peut-être cette année. Le mercredi de 17h à 18h, en alternance, nous lisons Virgile et Sénèque. Sur Virgile, il s’agit plutôt de se familiariser avec l’exercice, essentiel, de reformulation en latin ; sur Sénèque, Valentin Pion (sive Valentinus, qui est à l’origine de ces séances tellement profitables), nous pousse à la prise de parole spontanée et à la discussion d’orientation philosophique. Ces séances ne réunissent pas exactement les mêmes participant-e-s. Comme il est vrai qu’il y a un bon nombre d’enseignant-e-s parmi nous, nous avons en outre lancé depuis quelques mois un atelier pédagogique qui a lieu le samedi matin : il s’agit de partager avec les autres un exercice fait en cours ou une séance de cours et d’échanger sur cette expérience.
Toutes ces séances sont, jusqu’à maintenant, gratuites. Bientôt, l’association CLIO aura un compte et nous proposerons aux participant-e-s d’adhérer – pour une somme très raisonnable (20 euros min.), et dans l’idée qu’avec de l’argent nous pourrions proposer encore plus d’activités, et encourager des rencontres in praesentia, comme nous avons commencé à le faire l’été.

 

L.V.D.C. : Quel latin parlez-vous ? Est-ce du thème ? Cicéron vous comprendrait-il?
S. C.-T. : Ah, grande question ! Nous faisons en sorte en effet que notre latin soit le plus latin – c’est-à-dire le plus correct – possible. Nous commençons à peine, pour les plus avancé-e-s, à essayer d’aller encore un peu plus loin en nous efforçant d’écrire, en particulier, de manière plus élaborée et ornée. Cicéron reste alors une référence incontournable. Quand on pratique, cependant, on se rend compte de l’utilité de bien d’autres auteurs : je pense en particulier à Plaute, qu’on ne lit certainement pas assez dans les cursus, sous prétexte que sa langue est archaïque et / ou trop orale. Érasme est aussi un auteur fondamental et comme l’affirment souvent plusieurs magistri et magistrae étrangers, ses colloquia ont beaucoup à nous apporter. L’ouverture à la pratique de la langue s’accompagne souvent d’une ouverture à d’autres textes que ceux de l’époque la plus classique et c’est une autre source d’enrichissement et de renouvellement considérable.

 

L.V.D.C. : À l’inverse, si je m’inscris, est-ce que je serai à même de (mieux) comprendre Cicéron, César ou Ovide ?
S. C.-T. : That’s the point ! C’est réellement le but visé et c’est le but qu’ont effectivement atteint nombre d’entre nous. En créant le besoin de communiquer en latin, on est amené à apprendre et à intégrer très vite non seulement des mots et des locutions, mais aussi des structures syntaxiques que par ailleurs, sans la pratique, on peut mettre des années à découvrir ou à maîtriser. Cela a été mon propre cas. En fait, le bouleversement que j’ai éprouvé lors du stage à Florence que j’évoquais tout à l’heure a tenu aussi au fait que j’ai vu alors des personnes qui avaient seulement quelques mois de latin derrière elles et qui étaient déjà capables d’accéder, au moins en compréhension globale, à un extrait de Salluste ou d’Ovide. Autrement dit, elles n’étaient pas si loin derrière moi avec mes plus de trente ans de latin. Le passage à la pratique a modifié mon rapport (et je pense bien que cela ne vaut pas que pour moi) aux textes latins ; ils ne sont plus derrière une barrière qu’auparavant, je ne savais franchir que par ma maîtrise de la grammaire et le recours à la traduction. Ils sont là, prêts à être lus, comme disponibles au dialogue. Comme je sais réellement bien plus de vocabulaire maintenant et que de nombreuses constructions sont devenues des tours familiers que je sais moi-même utiliser quand il faut, et comme je ne cherche pas à tout prix à passer le plus vite possible ces mots latins dans ma langue, je comprends plus vite et bien mieux. Cela ne veut pas dire que je ne traduis plus – au contraire ! (je crois toujours que certains textes ne peuvent se comprendre bien que si on les traduit et mon autre passion – celle pour les femmes autrices – m’a permis de découvrir, trente-cinq ans plus tard là aussi, les bonheurs de la traduction « littéraire »). Mais, à l’exception de passages ou d’auteurs plus difficiles, je me sens désormais moi-même en terrain connu. Beaucoup de sodales de CLIO – et d’autres cercles et écoles – ont déjà témoigné en ce sens.

 

L.V.D.C. : Qui parle latin aujourd’hui et pourquoi ?
S. C.-T. : De plus en plus de gens dans le monde parlent latin. Il y a une vidéo de Scorpio Martianus qui témoigne de l’ampleur de ce mouvement mondial qui est très, très enthousiasmant. Je pense que pour la plupart l’objectif premier reste bel et bien celui d’un apprentissage qui rende plus rapide et plus aisé l’accès aux textes (anciens et moins anciens, ces textes, en tout cas, que l’on dit « authentiques »). Après cela, il y a aussi un plaisir certain à utiliser le latin pour communiquer, surtout quand c’est avec des personnes avec qui on aurait eu du mal à le faire autrement (parce qu’une langue dite « rare » est en cause, parce que soi-même on n’est pas tout à fait à l’aise en anglais)… Personnellement, je suis aussi très friande de ce qui s’écrit en latin de nos jours et je pense que même parmi les textes écrits dans un but didactique, il y a ce qu’on pourrait appeler de nouveaux textes « authentiques ». J’ai commencé à écrire en latin moi-même – j’aimerais avoir beaucoup plus de temps pour le faire – et je suis rendue très curieuse par ce que cette langue me permet de faire ou m’amène à faire que je n’aurais pas pu faire en français.

 

L.V.D.C. : Hors le plaisir de la langue et la satisfaction d’une victoire intellectuelle (ce qui est déjà beaucoup), quels bénéfices en tirer ?
S. C.-T. : Quand on a déjà reçu une formation complète en latin voire quand on a de nombreuses années d’apprentissage et d’enseignement derrière soi, il faut du courage pour se remettre en jeu de la sorte. Il ne faut pas avoir peur de faire des erreurs, de bredouiller au début, d’être encore hésitant-e après plusieurs mois… mais cette prise de risque et ces efforts sont récompensés au centuple. Par ailleurs, un bénéfice supérieur réside dans les liens d’amitié que le réseau de la Latinitas viva en général et notre cercle en particulier permet de créer.

 

L.V.D.C. : Y a t-il une dimension politique à votre initiative ?
S. C.-T. : Non, si ce n’est la volonté de rendre le latin accessible au plus grand nombre. Ou politico-linguistique : le latin n’est pas une langue morte, c’est une langue tout court.

 

L.V.D.C. : Pour finir par une note de fantaisie : peut-on rêver ou penser en latin ? Que vous a apporté de parler et écrire en latin ?
S. C.-T. : Malheureusement, il ne m’est pas encore arrivé de rêver en latin, preuve que je dois continuer de m’immerger le plus possible. Parler en latin me permet de retrouver ce fil de mon histoire que j’avais laissé en suspens, voire que j’avais sans doute trop vite coupé après mon bac il y a presque trente ans : le fil des langues ! J’aime parler latin, j’aime faire sonner cette langue un peu comme de l’italien. Pour l’écriture, je le disais déjà un peu tout à l’heure : je crois que si j’avais le temps, le latin me permettrait peut-être de m’adonner à l’écriture – de courts récits, de poèmes. S’agissant d’écriture plus orientée – en particulier dans un but didactique, avec des ouvrages en latin dit « compréhensible » –, j’y trouve le plaisir, pour pouvoir le faire, de lire et relire et d’essayer d’imiter, pro virili parte, les auctores et auctrices. Et à nouveau, de partager cette expérience avec d’autres. Amicitia maximi momenti est neque esset CLIO sine sodalibus suis.

Dans la même chronique