Qu’est-ce que le futur pour un Grec ou un Romain ? Quel sens l’avenir avait-il dans l’Antiquité ? Tous les quinze jours, la jeune Louise Routier-Guillemot propose un texte où les hommes du passé ont imaginé ce qui les attendrait.
Lorsque les rêves sont finis ils rentrent chez eux ; et chez eux, c’est aux Enfers. Le rêve d’Anchise, le rêve de Tarquin rentrent à pas menus et reprennent leur place aux branches de l’arbre à rêves. Vous qui les avez épiés, vous qui avez vu Cicéron dans la plaine du Pyriphlégéthon, le chemin commence à vous être familier. Mais cette fois ce n’est pas une ombre qui vous attend. Elle règne sur les morts sans jamais être morte. Saluez, voici la reine, voici Perséphone…
Ce n’était pas une mince affaire, car ils ne plaisantent pas sur les laissez-passer. Vous descendez, vous croyez que vous avez trouvé, puis soudain on vous tombe dessus et c’est presque un passeport diplomatique qu’il vous faut. On n’entre pas comme ça chez ces majestés infernales.
Nous avons de la chance, d’ailleurs. Les gardes nous dévisagent des pieds à la tête. Nous avons l’air bien vivant, trop vivant pour entrer ; mais un bon vivant, c’est toujours un futur mort. Ils s’écartent pour nous laisser passer, comme s’ils pensaient : « à bientôt ».
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Ils n’auraient pas laissé passer un dieu.
Il faut marcher longtemps vers le centre des Enfers, marcher, voler, appelez cela comme vous voudrez. Les fleuves s’enlacent les uns aux autres, la terre et l’air sont une même chose, la matière est vaporeuse et la pensée s’alourdit comme si l’on devait se porter soi-même dans les bras. D’abord on avance parmi les allégories, puis ce sont les ombres, et enfin on ne reconnaît plus rien.
Alors, c’est le palais.
On dit : la demeure d’Hadès, et Hadès y était le premier. Mais il n’est pas seul. Nous ne le verrons pas.
« Où est-il ? » demandons-nous aux gardes.
« Il règne », c’est la seule réponse.
Avançons encore un peu. Les portes s’ouvrent, le chemin se déroule et nous arrivons à la salle du trône.
Le palais est tout entier fait d’ombre. Les gardes sont faits d’ombre eux aussi, et les marches des escaliers, la salle du trône et le trône lui-même. Les lampes font briller l’ombre qu’elles soufflent aux angles des murs, descendant jusqu’au sol comme un tissu noir aux grands plis. Et elle se tient sur le trône, elle qui est une jeune fille et qui n’est pas née des ombres, qui ne connaît de l’ombre que le côté du jour. Elle a de grands yeux d’obsidienne et des gestes enfantins. Elle est vêtue de noir mais sa robe est de tissu et pas d’ombre, on l’a tissée, on l’a attachée autour de sa taille et de ses épaules. On a noué cette ceinture, ces cheveux noirs. La reine est étrangère.
Perséphone a bien voulu nous recevoir et nous ignorons à qui cet honneur est dû. Mais elle nous reçoit — seule, sans servantes, les gardes congédiés. Elle ne nous offre pas de siège, tout de même ; on ne s’assied pas en présence de la reine. Elle nous regarde du haut de son trône, et malgré ses manières de petite fille elle n’a pas l’air très amène. Du moins, c’est ce que nous supposons, car nous attendons dans une profonde révérence qui nous empêche de bien regarder notre interlocutrice à l’endroit. Enfin elle nous adresse la parole :
Perséphone :
— Relevez-vous.
Nous obéissons prestement et dans le mouvement la tête nous tourne un peu. D’ailleurs, qui saurait dire ici où est le nord, le sud et l’est et l’ouest ? Cela revient lentement, ces directions et ces points cardinaux qui ne veulent ici rien dire, sauf pour nous, comme un anachronisme de l’espace. Le temps de l’étourdissement nous ne pouvons pas poser la première question, et c’est elle qui parle d’abord. Elle parlait beaucoup, d’ailleurs, autrefois ; maintenant, on ne sait pas, on va le savoir.
(Précisons que l’entretien qui va suivre a été enregistré. Perséphone ne se trouve aux Enfers que de solstice à solstice, et lorsque vous lirez ces lignes, elle séjournera sans doute au grand soleil auprès de sa mère).
Perséphone :
— Alors, vous dites que vous venez du futur.
Retour vers le futur :
— Oui.
Perséphone (riant) :
— Du futur ! Entendez-moi ça ! Moi, je viens de la surface, c’est déjà beaucoup dire. C’est assez loin d’ici pour que cela suffise. Vos territoires à la surface, cela ne regarde que vous. (Elle minaude.) Je ne sais pas pourquoi j’ai accepté de donner cette audience. Vous allez vous figurer que je m’ennuie. Mais vous n’avez pas idée, non, vous n’avez pas idée de toutes les choses qui passent par ici… (grave soudain) d’ailleurs, moi non plus. Mais savoir ne fait rien à l’affaire, c’est régner qu’il faut. Savez-vous comment je me suis retrouvée à régner ici ? Est-ce là ce que vous venez me demander ?
RVLF (ayant à nouveau la tête à l’endroit) :
— Non, Votre Majesté, cela, nous le savons. Les humains ont composé un hymne à votre mère, et depuis nous avons en mémoire comment le souverain d’ici, Hadès, le frère de Zeus votre père, vous a enlevée sur son char invisible. Vous étiez la fille de Déméter et vous viviez parmi les autres jeunes filles immortelles, parmi les fleurs. Puis vous avez été plongée sous terre et vous y êtes restée. Votre mère, Déméter, vous a cherchée longtemps et lorsqu’elle vous a enfin retrouvée, il était trop tard ; vous étiez l’épouse d’Hadès et vous aviez mangé les sept grains d’une grenade des Enfers. Vous revenez à la surface pour la saison chaude et votre mère fait fleurir la terre, de joie, et puis vous redescendez sous terre car c’est à ce royaume que vous appartenez maintenant. Nous espérons que ce récit ne vous offense pas, et qu’il est exact, autant que les récits humains peuvent l’être.
Perséphone :
— Je ne suis pas offensée. Le récit est exact à-peu-près. J’appartiens, mais je règne. Cependant vous m’étonnez. Que cherchez-vous si ce n’est ce récit ?
RVLF :
— Nous sollicitons humblement un laissez-passer.
Perséphone :
— Plaît-il ?
RVLF :
— Dans le cadre de notre grande enquête sur le futur, nous souhaiterions nous rendre régulièrement dans votre royaume pour interroger vos sujets. Mais chaque fois que nous nous aventurons, nous devons nous déguiser en rêve, nous draper dans l’ombre ou je ne sais quel stratagème pour ne pas sembler de chair et d’os… Nous nous faisons discrets, et nous courons de grands risques. Nous ne demandons pas de ne pas courir de risques, nous demandons qu’il soit plus simple, exceptionnellement, d’aller et venir. Pour solliciter une audience auprès de Votre Majesté, ç’a été d’invraisemblables tractations transachéroniennes. Mais nous ne souhaitons que l’impossible : venir aux Enfers non comme des ombres, mais comme des vivants, pour entendre et voir avec nos oreilles et nos yeux de vivants, pour ne pas nous prendre à notre jeu et à la tristesse de ceux qui appartiennent à votre royaume sans y avoir vécu. Pour enquêter et pour écrire il faut être vivant au royaume des morts ; sans l’étrangeté et l’abîme de sentir ses pieds s’enfoncer dans les vapeurs où tous les autres flottent, les mots s’évanouiront à la surface, ils s’échapperont d’entre les lignes pour revenir à leur pays natal. Il n’y a pas de futur ici, nos questions n’ont aucun sens d’ombre à ombre. Permettez que par extraordinaire on parle chez vous, où toutes langues sont identiques, la seule langue étrangère qui franchira ce seuil : une langue pleine de temps, et dont la nostalgie n’est pas tout à fait chez elle à la surface, mais n’a pas de corps chez vous. C’est une langue à tous les temps et le futur n’habite nulle part. Nous descendons ici sachant que le futur n’y est pas. Nous ne voulons que savoir ce qu’en disent ceux qui ne le connaîtront pas, et nous venons avec la grande question de savoir si l’on peut aimer sans connaître.
Perséphone (sans douceur) :
— Vous parlez d’une manière bien étrange. Comprenez-vous ce que vous demandez ? Comprenez-vous votre audace ?
RVLF :
— Oui, Votre Majesté.
Perséphone :
— Vous dites que vous voulez aller et venir ici le plus simplement du monde. Eh bien ! Il y a une solution, elle est toute trouvée ; c’est de rester. Après tout, le retour à la surface ne vous est pas garanti. J’apprécie peu que l’on prenne ses aises. Croyez-vous que je vais et je viens comme bon me semble ? Et vous prétendez avoir plus de liberté que la reine ? Que voulez-vous d’autre, une carte de presse ? ou préférez-vous mon sceptre ?
RVLF :
— Mais vous régnez, Votre Majesté, et nous, nous ne sommes rien ici. Il n’y a aucune raison pour nous d’y rester.
Perséphone :
— Sachez que les raisons se trouvent. Mais ce n’est pas dans ce sens qu’il faut en chercher. Je n’ai besoin d’aucune raison pour vous retenir ici — ma volonté suffit. C’est à vous de me donner une raison de vous laisser repartir. Voyons, ne pâlissez pas, ce n’est pas du tout seyant. Amusez-moi plutôt. Vous qui venez du futur et qui voulez le connaître, vous qui prétendez interroger mes sujets, posez-moi donc une question à laquelle je ne saurai pas répondre. Dites-moi quelque chose qui me persuadera de l’importance de votre enquête. Montrez-moi qu’il y a mystère, et que je ne peux pas régner sans ce mystère. Alors je vous donnerai tous les laissez-passer qu’il vous plaira ; vous irez où vous voudrez, aussi longtemps et souvent que vous le voudrez, vous aurez le droit de parler à tous ceux qui habitent mon royaume sans aucune exception. Sinon, vous appartiendrez pour toujours à mon royaume, et vous ne reverrez jamais la surface. (Elle fit un geste de la main.) Parlez maintenant.
Et nous nous taisons, et nous tremblons. Mais c’est avant de se souvenir du nord, du sud, de l’est et de l’ouest. Et lorsque nous les retrouvons bien qu’ils n’existent pas, nous retrouvons aussi le sens des mots. Nous ne sommes pas venus ici pour rester muets.
Alors parlons, maintenant.
RVLF :
— Vous nous permettez donc de vous interroger, Votre Majesté ?
Perséphone :
— Je vous l’ordonne.
RVLF :
— Bien. L’idée de futur n’a-t-elle aucun intérêt à vos yeux, Votre Majesté ?
Perséphone :
— Aucun.
RVLF :
— Pourquoi, Votre Majesté ?
Perséphone :
— Parce qu’elle ne signifie rien pour moi.
RVLF :
— Voulez-vous dire que tout est toujours identique ?
Perséphone :
— Oui. Vous avez bien vu où nous sommes.
RVLF :
— Ici, le futur n’existe pas. Mais vous n’avez pas toujours demeuré ici. Lorsque vous étiez une jeune fille et que vous cueilliez des fleurs avec vos compagnes, n’avez-vous jamais rêvé à l’avenir, Votre Majesté ?
Perséphone :
— Non. J’étais trop jeune et trop capturée par les couleurs. Je ne voyais qu’autour de moi. J’étais si légère qu’il m’était difficile de me maintenir dans le présent sans m’envoler. Je ne pouvais pas me permettre de me disperser davantage.
RVLF :
— Mais depuis, vous n’êtes plus cette jeune fille, n’est-ce pas, Votre Majesté ? Vous n’êtes plus, comme vous dites, capturée par les couleurs ?
Perséphone :
— Non. Je ne les vois plus.
RVLF :
— Vous ne demeurez pas toujours en ce royaume. Lorsque vous sortez de la nuit obscure, et que vous remontez à la surface, voyez-vous toujours les couleurs ?
Perséphone :
— Je les vois sans m’y attacher. Il ne faut pas s’y attacher, elles disparaissent trop vite.
RVLF :
— Mais à la surface, vous devez bien voir la différence, voir l’importance qu’y prend l’idée de futur, Votre Majesté.
Perséphone :
— Exprimez-vous plus clairement.
RVLF :
— À la surface, tout n’est pas identique. Lorsque vous revenez auprès de votre mère, elle a préparé la terre pour votre retour, elle a fait son printemps brin à brin pendant plusieurs mois. Et lorsque vous avez passé la moitié de votre séjour, elle imagine déjà votre départ et elle se chagrine d’avance, alors elle défait brin à brin ce qu’elle a fait pour vous, elle prépare votre absence, elle fait à votre départ son lit d’automne. C’est bien qu’elle imagine le futur, qu’elle est déjà joyeuse et déjà triste à l’idée de votre arrivée ou de votre départ. Et ce qui est vrai pour votre mère l’est encore plus pour les mortels. L’idée de futur ne vous semble-t-elle pas importante, Votre Majesté ?
Perséphone :
— Non. Mon départ et mon arrivée existent avant et après qu’ils aient lieu parce que ma mère les a déjà vécus et qu’elle les vivra encore toujours. Chaque saison revient à l’identique. Les événements n’existent pas. Ce sont des illusions qu’on donne aux mortels pour qu’ils ne pensent pas que leur vie est nulle et non avenue.
RVLF :
— Mais vous-même, Votre Majesté ? N’y a-t-il pas un événement qui partage votre vie en deux, quelque chose d’irréversible, d’irréductible : votre enlèvement ?
Perséphone :
— Et après ? On ne pouvait rien y faire. C’est Zeus qui l’a voulu, pour faire une alliance entre ici et la surface. Il est mon père et il m’a donnée à son frère. D’ailleurs, avec le temps, je ne suis pas du tout sûre que ç’ait été un événement. Je ne me souviens que de mon souvenir, qui est le souvenir d’un souvenir ancien, et l’on peut remonter indéfiniment ainsi sans atteindre jamais quelque chose qui sorte du souvenir. Et les choses sont ainsi, continuellement. Je suis, ma mère et moi sommes, les déesses de ce qui revient toujours. Nous sommes les déesses d’Éleusis, où les vivants croient que nous révélons les mystères de la vie et de la mort. Mais le mystère de la vie et de la mort, qui sont insignifiantes et inexistantes, est dans l’importance qu’elles prennent pour les humains.
RVLF :
— Sauf votre respect, Votre Majesté, c’est facile à dire. Mais, voyez-vous, il y a quelque chose de troublant dans l’hymne que les hommes ont composé à Éleusis — ce que nous appelons l’Hymne homérique à Déméter.
Perséphone :
— Continuez.
RVLF :
— Vous n’êtes pas tout à fait revenue à la surface parce qu’il était trop tard, vous aviez déjà goûté à la nourriture des Enfers. C’est bien cela, Votre Majesté ?
Perséphone :
— Oui.
RVLF :
— Y avez-vous goûté tout de suite, Votre Majesté ?
Perséphone :
— Non.
RVLF :
— Pourquoi, Votre Majesté ?
Perséphone :
— Parce que je ne pensais qu’à attendre et à espérer qu’on me délivre. Je n’ai pas eu faim tout de suite.
RVLF :
— Si nous avons bien compris les vues que vous exprimiez tout à l’heure, il n’y a pour vous aucune différence entre les parties, ou les régions, ou les formes du temps, puisque tout est identique ? Le futur ne peut donc apporter rien de neuf puisque le temps est plat, Votre Majesté ?
Perséphone :
— Vous avez bien compris.
RVLF :
— L’Hymne à Déméter nous dit comment votre mère vous a cherchée, longuement, après votre disparition. Si elle avait su tout de suite que vous aviez été enlevée par Hadès, vous aurait-elle rattrapés, et vous aurait-elle délivrée, Votre Majesté ?
Perséphone :
— C’est bien possible.
RVLF :
— Pourquoi ne l’a-t-elle pas fait, Votre Majesté ?
Perséphone :
— Parce qu’elle ignorait où j’étais.
RVLF :
— Et comment l’a-t-elle su, Votre Majesté ?
Perséphone :
— Grâce à Hécate, la déesse aux mystères, la lune souterraine, celle qui vit à l’écart dans une grande grotte et porte dans ses cheveux les bandelettes blanches sacrées. Elle seule m’a entendue crier lorsqu’Hadès m’a enlevée.
RVLF :
— C’est là le nœud de l’intrigue. Car si Hécate était tout de suite allée voir votre mère, les choses auraient été certainement différentes. Hécate n’a d’ailleurs jamais eu l’intention de masquer la vérité, et elle a tout fait pour aider Déméter. Elle l’a accompagnée un temps dans ses recherches. N’est-ce pas le rôle qu’elle a joué, Votre Majesté ?
Perséphone :
— Si.
RVLF :
— Pourtant, l’hymne dit qu’elle n’est pas venue tout de suite. Déméter vous a cherchée pendant neuf jours et pendant ces neuf jours, Hécate est restée silencieuse. Elle n’est allée voir Déméter que « lorsque vint sur elle la dixième aurore brillante… ». (Un temps.) Et lorsque vint sur elle la dixième aurore brillante, il était trop tard, Votre Majesté.
Perséphone :
— Que voulez-vous dire ?
RVLF :
— Qu’Hécate n’est pas venue avant, ni après, mais qu’elle est venue en un certain moment et qu’il n’est pas indifférent pour vous, pour le visage et la vie de la terre ni pour le royaume des morts que ce moment ait été celui-ci ou celui-là. Et qu’il ne tenait qu’à une aurore que vous n’ayiez pas faim, et que vous ne mordiez pas la grenade. Il reste à savoir si cela rend le monde plus irrémédiable ou plus fragile, et ce que les dieux y font. Mais il y aura d’autres aurores, et certaines seront désertes, mais d’autres auront leurs Hécates. Nous n’avons plus qu’une question à vous poser. Pourquoi Hécate est-elle venue à la dixième aurore ?
Perséphone nous regarda en silence.
Nous obtînmes des laissez-passer perpétuels, signés de la main de la reine, à l’encre d’ombre.
Sources :
Homère. Hymnes, éd. et trad. Jules Humbert, Paris, Les Belles Lettres, réédition de 2018 (1re édition 1936).
The Homeric hymn to Demeter, éd., trad. et commentaire Nicholas Richardson, Oxford, Clarendon press, 1974.
Homeric Hymns, Homeric Apocrypha, Lives of Homer, éd., et trad. Martin West, Cambridge-Londres, Harvard University Press, The Loeb Library, 2003.
Jenny Strauss Clay, The Politics of Olympus. Form and Meaning in the Major Homeric Hymns, Princeton University Press, Princeton, New Jersey, 1989.
Mircea Eliade, Le mythe de l’éternel retour, Paris, Gallimard, 1969.
Robert Motherwell, In Plato’s Cave N°4, 1973, Seattle Art Museum.