L’opéra est encore jeune, mais de Monteverdi à Wagner, il a créé son Antiquité. En chantant le mythe et la tragédie, l’art lyrique s’invente et rêve les Anciens.
Avec Monteverdi, la forme courte du madrigal va littéralement déchaîner les passions, et préparer l’invention de l’opéra.
Il présente dans une de ses préfaces la « seconde pratique », où le « discours est maître de la musique et non serviteur ». L’expression des passions oriente mélodie et harmonie, contre le primat poétique de l’harmonie sur le discours.
Mais les puristes de l’harmonie avaient pour eux une tradition pythagoricienne selon laquelle la rationalité des rapports de tons participe d’une harmonie cosmique, d’où l’expression de « musique des sphères ».
En bon humaniste, Monteverdi répond à leurs critiques en invoquant stratégiquement l’autorité de Platon dont ils auraient pu se réclamer. Il cite La République et lui emprunte l’idée que la musique doit imiter le discours, et non l’inverse, puisque celui-ci dépend de la qualité de l’âme et de ses affections...
Hasard dans la vie des classiques ? Ces Madrigaux étaient chantés salle Platon lors d’un festival passionné.
J.T.
Monteverdi au festival des Folles Journées de Nantes édition 2015 « Les Passions de l’âme et du cœur ». Chanté par l’ensemble La Venexiana. Des extraits audio-visuels ici.
Citations de Platon par Monteverdi : République, III, 398d-400e.
Platon, La République, Livres I-III, Belles Lettres, 2012.