Chaque semaine, un hypokhâgneux, du groupe de grec confirmé (ils se font rares…) ou du groupe des débutants (ils sont un peu plus nombreux…) vous livre ses impressions, et rien que ses impressions, sur les déclinaisons, les conjugaisons, le vocabulaire et la syntaxe…en toute décontraction !
C’est en lisant les traductions de quelques maximes de Ménandre que l’on comprend à quel point ses propos ont été mal traduits et déformés par le patriarcat. On a en effet pu, par le passé, faire tenir à cet immense dramaturge des propos d’une profonde misogynie, et ce, afin de servir le système patriarcal et d’asservir les femmes — lui qui voulait pourtant leur donner une assemblée. Je pense alors nécessaire de proposer une relecture de certaines maximes, une relecture plus respectueuse de la condition féminine, une relecture surtout plus proche des propos féministes de cet avant-gardiste.
Ainsi, la magnifique maxime, « ιστοί γυναικῶν εργα κους εκκλησιαι », a souvent été traduite ainsi : « les quenouilles, et non l’assemblée politique, sont le travail des femmes ». Qu’il est honteux de lire une telle traduction, là où Ménandre voulait nous dire : « l’assemblée politique, et non les quenouilles, sont le travail des femmes ». Il est bien dommage de voir aujourd’hui que ses propos ont été déformés, pour que les femmes ne choisissent pas de se lancer en politique.
Que je fus aussi surpris de lire une traduction de « γυναιξι πασαις κόσμον η σιγη φέρει », qui expliquait que le silence rendait les femmes belles, alors qu’en réalité Ménandre pensait que toutes les femmes étaient belles, que tous les corps se valaient, que tous les corps étaient beaux. Certains masculinistes pensaient également que « δια τασ γυναίκας παντα τα κακα γιγνεται » signifiait que les femmes étaient la cause de tous les maux — et c’est ce qu’ils nous ont fait croire — alors que Ménandre, allié de la cause féministe, voulait nous dire au combien les femmes nous sauvent de tous ces maux.
Enfin, le patriarcat nous a imposé cette traduction infâme de « χρηστη γυνη κτημ’ έστιν ανδρι σωφρονι » : « une femme honnête est un acquis pour l’homme sensé », mais en aucun cas, la femme est un bien qui appartient aux hommes ! Le véritable message du Dramaturge était de nous dire que l’homme a obtenu tous ses acquis sur le dos de la femme. Il appelle déjà les Athéniennes à s’insurger, et nous devrions aujourd’hui bien plus le comprendre, l’écouter.
Nous vous disons « pchitt » et à la semaine prochaine !
Théo, H811