
Chaque semaine, des élèves du lycée La Bruyère de Versailles racontent leur rapport aux langues anciennes, leur lien si particulier à ces langues que l'on étudie de moins en moins...
Depuis maintenant quatre ans, j’étudie le grec ancien au lycée La Bruyère.
Cette culture est la seule qui m’ait jamais donné le sentiment de porter un héritage. En effet, il existe un lien très étroit qui nous unis à cette civilisation. Il n’y a qu’à regarder l’origine de nos mots : ils en proviennent presque tous, partagent ses étymologies. Mais étudier le grec ancien, c’est aussi partir à la découverte de mythes fabuleux. De textes fondateurs dont les vers ont traversé le temps et que nous récitons encore aujourd’hui. Le tragique européen à travers son théâtre et son histoire, qui trouvent d’ailleurs une résonance singulière dans notre société. Le grec nous aide à saisir la provenance des choses, et donc à mieux les apprécier. Enfin, ses inexorables sources d’inspiration, philosophiques comme poétiques, telles que Platon, Épicure ou Aristote, qui ont su préfigurer le monde comme nul autre auparavant.
Cela étant, je dois admettre que le grec n’en demeure pas moins une langue difficile. Elle nécessite parfois rigueur et opiniâtreté afin d’en déceler les subtilités, les mystères. Il faut s’aguerrir de ses mécanismes, de sa précision, de ses nuances particulières. Aussi, cet apprentissage m’a transmis le goût de la persévérance et, dans le même temps, a vu naître en moi le devoir de le préserver.
Mon voyage à Rome cette année, a d’ailleurs achevé de me convaincre. Il paraissait impensable que tout cela devienne réalité. De réaliser que tout était bien là, à nos pieds. Que des pans entiers de notre histoire étaient nés ici, puis s’étaient effondrés au fil du temps. Les jardins avaient grandi à même la pierre du Forum et les colonnes restées les témoins de toute cette histoire fascinante, laissaient entrevoir un peu de sa grandeur. Je repartais avec la certitude que cette civilisation avait autrefois abritée toute la lumière du monde, et que c’était maintenant à nous d’en entretenir la flamme !
Je demeure convaincu de son importance aujourd’hui. C’est à nous de s’assurer que cet héritage ne soit jamais oublié et ne tombe pas en désuétude. De fait, nous en sommes les premiers garants : et j’invite quiconque souhaiterait le porter à son tour à s’y plonger corps et âme ! »
Valentin B. – TL - spécialité LCA Grec
Dessin de Juliette Q. - Khâgne Ulm |
Une langue révolue perdue et enfouie Sous une montagne de mythes et de croyances Elle reposa ici, durant des décennies Pour réapparaître, elle a attendu sa chance Réapparue mais pourtant toujours enterrée Je n’y ai pas cru quand on me l’a dit morte Je l’ai pourtant à l’aube, déchiffrée et aimée Comment pouvons-nous la nier de la sorte Pour tout vous dire, je l’ai rencontré par hasard Dans un vieux livre qui nous conforte un de ces soirs Elle en est restée si lointaine et silencieuse Que j’en suis lentement tombée amoureuse Comme les planètes qui irrésistiblement, Se rapprochent tout en se rejetant dans le temps Son alphabet m’accablait, ses mots me troublaient Seulement toujours plus attirée que jamais Découvrant en elle, nombre infini de secrets Elle m’offrit en retour mille et une légendes Fit donc de moi une femme de l’Antiquité La langue grecque, vous me dîtes ne sera plus ? Ne l’entendez-vous pas, dans le vent d’Éole Vous chuchoter doucement au coin de toute rue De venir danser au sommet de l’Acropole ? Parfois quand je tends l’oreille, le temps d’un instant Je peux dans le silence entendre au loin son chant Les Muses me bercent au-delà de toute distance Me rassurant de son éternelle existence… Laura DS TL Spécialité LCA grec |
Croquis réalisés lors du voyage en Grèce de février 2017 |
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