Cette chronique raconte la vie des Classiques à la Renaissance. Des contemporains de l’humaniste Guillaume Budé (1467-1540) permettent de voir comment l’Antiquité alimente la culture, la pensée et la langue de l’époque. Hommage à l’ancêtre du Gaffiot, l’imprimeur Robert Estienne est le premier invité des Amis de Guillaume Budé. Sa devise : « Noli altum sapere, sed time », c’est-à-dire « ne t’élève point par orgueil, mais crains ».
Nicolas Machiavel est l’invité d’honneur de la troisième saison des « amis de Guillaume Budé ». Pourquoi Jacques Lefèvre d’Étaples laisse-t-il sa place à Nicolas Machiavel ? Parce que l’humaniste italien vient fêter le centenaire des éditions des Belles Lettres !
Comment Machiavel participe-t-il au centenaire des Belles Lettres ? En février est paru une belle édition illustrée du Prince, chef-d’œuvre de Nicolas Machiavel. Si le texte est connu des lecteurs de la Bibliothèque italienne, cette nouvelle édition, à l’apparat critique allégé, est illustrée par Benjamin Van Blancke (+ lien : http://vanblancke.com). Vous trouverez en librairie la fameuse Vie de Machiavel, par Roberto Ridolfi (1899-1991) : c’est la première fois que cette biographie – considérée comme une référence – est traduite en français ! Avant que vous ne vous plongiez dans cette somme, voici une brève biographie de Nicolas Machiavel.
Le 3 mai 1469 Niccolò Machiavelli naît dans une famille de la petite bourgeoisie de florence. En 1498, « peut-être grâce à l’appui du premier chancelier Marcello Virgilio Adriani, Machiavel est élu secrétaire de la Seconde Chancellerie » (p. LXXXVIII-LXXXIX), et secrétaire du conseil des Dix. Commence alors une carrière politique où le jeune homme est envoyé en mission et même en ambassade. Au cours de sa carrière, il sera amené à voyager, à rédiger des comptes-rendus, à réfléchir à la création d’une milice (puis à la créer), etc. Cette vie bien remplie prend fin en 1512 avec le retour des Médicis à Florence : non seulement Machiavel est destitué de toutes ses fonctions, mais en outre « il est condamné à rester confiné pendant un an sur le territoire florentin et au versement d’une caution de 1 000 florins d’or » (p. XCV). C’est cette période de mise à l’écart de la politique qui permettra à Machiavel d’écrire le Prince – considéré comme son chef-d’œuvre –, mais également du théâtre, avec la Mandragore. Ces œuvres sont une belle illustration de la devise de Machiavel : « volgere il viso alla fortuna », c’est-à-dire « faire face à la fortune ». Machiavel meurt le 21 juin 1527. Les premières éditions posthumes du Prince seront publiées en 1532 : l’une à Rome, l’autre à Florence. |
Portrait de Nicolas Machiavel, en latin Nicolaus Macchiavellus, par Cristofano dell’Altissimo. Source : Musée des Offices de Florence – Wikipedia. |
Les chroniques à venir permettront d’entrer plus en détails dans la biographie de Machiavel et de découvrir le Prince. Ainsi, amis des classiques, la prochaine chronique sera consacrée à l’éducation de Machiavel. « Volgere il viso alla fortuna ».