Les Amis de Guillaume Budé – Dante épistolier

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Cette chronique  raconte la vie des Classiques à la Renaissance. Des contemporains de l’humaniste Guillaume Budé (1467-1540) permettent de voir comment l’Antiquité alimente la culture, la pensée et la langue de l’époque.

Nous l’avions annoncé, un premier volume de la Correspondance de Dante vient d’être publié, par Benoît Grévin, aux Belles Lettres (dans la collection des « Classiques de l’humanisme »). Généralement, le public français connaît plus l’auteur pour sa Divine Comédie que pour ses Lettres. La récente édition de Benoît Grévin est l’occasion de combler nos lacunes et de présenter Dante épistolier.

Seules treize lettres de Dante sont parvenues jusqu’à nous : quatre d’entre elles sont écrites par le poète en tant que secrétaire et neuf sont personnelles. Elles datent toutes de la période où Dante est en exil. « Il existait encore, dans la première moitié du Quattrocento, une série de lettres de Dante aujourd’hui perdue. Elle ne reflétait sans doute elle-même que d’assez loin l’activité épistolaire initiale du poète, mais était d’une toute autre ampleur que le dossier des treize lettres actuellement subsistantes. » (Correspondance, tome 1, p. XLIII) Ces lettres encore lues au début du XVe siècle avaient des points communs avec celles qui nous sont parvenues : certaines étaient des lettres personnelles de Dante, d’autres des lettres écrites comme secrétaire pour « différentes autorités » (ibid., p. XLVII), mais toutes (ou presque) dataient des années d’exil.

Tentons une brève présentation de ces treize lettres. Il y a bien sûr des lettres politiques qui concernent l’exil des Blancs (lettres I et XII) et la venue en Italie, en 1310, du roi des Romains Henri VII de Luxembourg, qui deviendra empereur du Saint-Empire en 1312, (lettres V à VII). Dante écrit trois lettres (VIII à X) au nom de la comtesse Gherardesca di Battifolle à la reine des Romains Marguerite de Brabant (l’épouse d’Henri VII). Il écrit aux cardinaux italiens (lettre XI) dans la période où l’Église n’a pas de pape (Clément V meurt en 1314 et Jean XXII ne lui succède qu’en 1316). Salon Dante, « ils doivent réparer leurs erreurs, secourir l'Eglise en péril, et élire un pape qui la reportera a Rome et à son état de sainteté. » (Ibid., p. XXXII)

Benoît Grévin a intitulé ce premier volume, qui comporte les lettres I à IV, L’Amour et l’Exil. En effet, la première lettre (écrite en tant que secrétaire des Blancs en exil) est une négociation de paix. La suivante est une lettre de consolation (un genre très codifié) envoyée par Dante, à titre personnel, à Oberto et Guido Guidi, neveux d’Alessandro Guidi di Romena, ancien capitaneus du parti des Blancs, à l’occasion de la mort de leur oncle. « Les lettres III et IV, intimement liées, ne sortent pas tout à fait de ce contexte. Elles font cependant pénétrer dans une autre dimension, amoureuse et littéraire, qui suspend en apparence l’âpreté de cet exil. » (Ibid., p. XCIII) Ces deux lettres, personnelles, étaient sans doute accompagnées d’un poème chacune.

L’authenticité de la lettre XIII, la dernière de ce maigre corpus, est toujours débattue. Il s’agit d’une lettre personnelle et littéraire dans laquelle Dante dédie le Paradis à Cangrande della Scala.

 

Onorate l’altissimo poeta ; / l’ombra sua torna, ch’era dipartita.
« Honorez le très grand poète ; / son ombre revient, qui était partie. »

 

Image : Portrait de Dante par Sandro Botticelli
Portrait de Dante par Sandro Botticelli
(Source : Wikipédia)

 

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