Cette chronique raconte la vie des Classiques à la Renaissance. Des contemporains de l’humaniste Guillaume Budé (1467-1540) permettent de voir comment l’Antiquité alimente la culture, la pensée et la langue de l’époque. Hommage à l’ancêtre du Gaffiot, l’imprimeur Robert Estienne est le premier invité des Amis de Guillaume Budé. Sa devise : « Noli altum sapere, sed time », c’est-à-dire « ne t’élève point par orgueil, mais crains ».
Certaines éditions de textes grecs par Robert Estienne ont fait date, comme la publication de l’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe en 1544. Cependant aujourd’hui, nous nous intéresserons aux œuvres d’Ésope publiées par l’imprimeur-humaniste.
Précisons d’abord que si certains textes grecs ressurgissent à la Renaissance, ce n’est pas le cas des fables d’Ésope (VIe siècle avant J.-C.) : la plupart d’entre elles circulaient déjà au Moyen Âge grâce à une traduction latine. Selon Michèle Clément, « elles ont circulé en fait sans cesse depuis le IVe siècle avant J.-C. et le nombre de fabliers en circulation échappe aux recensements les plus poussés, même pour la seule période humaniste ». Le grand nombre de fabliers s’explique par l’utilisation pédagogique des textes tant dans l’Antiquité qu’au XVIe siècle. En 1438, l’humaniste italien Lorenzo Valla (1407-1457) découvre, à partir d’un manuscrit grec, trente-trois fables qu’il traduit. « Ces découvertes sont essentiellement recueillies dans ce que l’on va ensuite appeler l’Aesopus Dorpii, du nom de l’humaniste Martin Dorpius, qui les publie à partir de 1510. En France, c’est Robert Estienne qui va commencer à publier cette collection à partir de 1527. » (Source Enssib) Cette année-là, Robert Estienne publie en effet un ouvrage en latin intitulé : Aesopi Phrygis vita et fabulae a viris doctissimis in latinam linguam versae, inter quos L. Valla, A. Gellius, D. Erasmus aliique quorum nomina ignorantur. In calce adjectae sunt fabellae tres, ex Politiano, Petro Crinito, Baptista Mantuano. On voit alors qu’Ésope n’est pas le seul fabuliste du recueil : l’imprimeur sélectionne des fables antiques – comme celles de l’auteur romain Aulu-Gelle (1er siècle) - mais aussi contemporaines puisqu’il reprend des « adages » de l’humaniste Érasme (1469-1536).
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[[{"fid":"2013","view_mode":"default","fields":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false},"type":"media","field_deltas":{"1":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false}},"attributes":{"height":729,"width":558,"class":"file-default media-element","data-delta":"1"},"link_text":null}]] Page 35 de la Vie d’Ésope : on voit des passages en grec dans le texte, lesquels sont traduits en latin dans la marge. Source : Bibliothèque municipale de Lyon – Numelyo |
[[{"fid":"2014","view_mode":"default","fields":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false},"type":"media","field_deltas":{"1":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false}},"attributes":{"height":725,"width":556,"class":"file-default media-element","data-delta":"1"},"link_text":null}]] Sous le texte de Lorenzo Valla, figure la fable du Renard et de la Chèvre. Source : Bibliothèque municipale de Lyon – Numelyo |
[[{"fid":"2015","view_mode":"default","fields":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false},"type":"media","field_deltas":{"1":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false}},"attributes":{"height":726,"width":555,"class":"file-default media-element","data-delta":"1"},"link_text":null}]] « Adfabulatio, unis, f. : morale, moralité d’une fable. » Fin de la fable du Renard et de la Chèvre, suivie de la morale. Les fables suivantes sont celle du Renard et du Léopard, et celle intitulée la Chatte et Vénus. Source : Bibliothèque municipale de Lyon – Numelyo |
En 1546, Robert Estienne propose à ses clients une version grecque de son fablier. En voici quelques images.
[[{"fid":"2008","view_mode":"default","fields":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false},"type":"media","field_deltas":{"1":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false}},"attributes":{"height":880,"width":622,"class":"file-default media-element","data-delta":"1"},"link_text":null}]] Page de titre de l’édition de 1546. Source : Bibliothèque nationale de France – Gallica |
[[{"fid":"2009","view_mode":"default","fields":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false},"type":"media","field_deltas":{"1":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false}},"attributes":{"height":885,"width":613,"class":"file-default media-element","data-delta":"1"},"link_text":null}]] Première page de la vie d’Ésope en grec. Source : Bibliothèque nationale de France – Gallica |
[[{"fid":"2010","view_mode":"default","fields":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false},"type":"media","field_deltas":{"1":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false}},"attributes":{"height":880,"width":582,"class":"file-default media-element","data-delta":"1"},"link_text":null}]] Première page des fables d’Ésope en grec. Source : Bibliothèque nationale de France – Gallica |
[[{"fid":"2011","view_mode":"default","fields":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false},"type":"media","field_deltas":{"1":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false}},"attributes":{"height":880,"width":617,"class":"file-default media-element","data-delta":"1"},"link_text":null}]] Le colophon (sorte d’achevé d’imprimer) en latin permet de savoir que cet ouvrage est imprimé par Robert Estienne, imprimeur du roi, à Paris, le 9 novembre 1546. Source : Bibliothèque nationale de France – Gallica |
La prochaine chronique sera consacrée à un autre auteur grec imprimé par Robert Estienne : Euripide. « Noli altum sapere, sed time ».