Cette chronique raconte la vie des Classiques à la Renaissance. Des contemporains de l’humaniste Guillaume Budé (1467-1540) permettent de voir comment l’Antiquité alimente la culture, la pensée et la langue de l’époque. Hommage à l’ancêtre du Gaffiot, l’imprimeur Robert Estienne est le premier invité des Amis de Guillaume Budé. Sa devise : « Noli altum sapere, sed time », c’est-à-dire « ne t’élève point par orgueil, mais crains ».
Aujourd’hui nous poursuivons notre exploration du catalogue de Robert Estienne et abordons les ouvrages imprimés en grec. Le premier de cette catégorie est un Alphabetum græcum paru en 1528.
[[{"fid":"1959","view_mode":"default","fields":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false},"type":"media","field_deltas":{"1":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false}},"attributes":{"height":841,"width":528,"class":"file-default media-element","data-delta":"1"},"link_text":null}]] Page de titre de l’Alphabetum græcum. Source : Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares, RES X-1706 – Gallica. |
[[{"fid":"1960","view_mode":"default","fields":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false},"type":"media","field_deltas":{"1":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false}},"attributes":{"height":778,"width":479,"class":"file-default media-element","data-delta":"1"},"link_text":null}]] L’alphabet grec imprimé par Robert Estienne. Source : Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares, RES X-1706 – Gallica. |
Depuis 1539, Robert Estienne est imprimeur du roi pour les langues hébraïque et latine. Conrad Néobar est, à ce moment-là, imprimeur du roi pour la langue grecque. En 1540, Robert Estienne succède à son confrère qui vient de mourir. Le roi François Ier commande de nouveaux caractères grecs : Estienne collabore ainsi avec le graveur et fondeur Claude Garamond pour leur réalisation. L’imprimeur propose deux volumes en grec dès 1544 : Eusebi Pamphili, libri XV evangelicae praeparationis et libri X evangelicae demonstrationis. Il s’agit de l’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe Pamphile, évêque de Césarée (vers 265 - vers 340). Robert Estienne propose alors la première édition française du texte de ce père de l’Égise. En voici quelques images :
[[{"fid":"1956","view_mode":"default","fields":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false},"type":"media","field_deltas":{"1":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false}},"attributes":{"height":776,"width":480,"class":"file-default media-element","data-delta":"1"},"link_text":null}]] Page de titre du livre d’Eusèbe publié par Robert Estienne. On note qu’une nouvelle marque est utilisée pour les livres imprimés en grec. Estienne emprunte une citation d’Homère (Iliade, III, 179) pour faire sa devise, laquelle est traduite en latin par regi bono fortique bellatori, c’est-à-dire « excellent roi et vaillant guerrier » (d’autres traductions donnent « noble roi et puissant guerrier ») en français. Source : Bibliothèque de Besançon. |
[[{"fid":"1957","view_mode":"default","fields":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false},"type":"media","field_deltas":{"1":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false}},"attributes":{"height":768,"width":588,"class":"file-default media-element","data-delta":"1"},"link_text":null}]] Extrait de l’épître au Roi par Robert Estienne, qui rappelle que François Ier « a ordonné aux ouvriers les plus habiles d’exécuter des caractères de forme moderne et élégante. Avec ces caractères, les plus beaux ouvrages, imprimés avec soin et multipliés à l’infini, se répandront dans toutes les mains, et déjà nous en livrons au public un spécimen en langue grecque. » Source : Signes.org. |
[[{"fid":"1958","view_mode":"default","fields":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false},"type":"media","field_deltas":{"1":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false}},"attributes":{"height":841,"width":489,"class":"file-default media-element","data-delta":"1"},"link_text":null}]] Page de l’Histoire ecclésiastique d’Eusèbe. Source : garamond.culture.fr. |
Les deux volumes d’Eusèbe sont vendus par Robert Estienne soit reliés, soit séparément. Son catalogue est assez éloquent :
[[{"fid":"1955","view_mode":"default","fields":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false},"type":"media","field_deltas":{"1":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false}},"attributes":{"height":613,"width":736,"class":"file-default media-element","data-delta":"1"},"link_text":null}]] Section grecque du catalogue de Robert Estienne (1546). Source : Bibliothèque nationale de France, département Réserve des livres rares, RES Q-972 – Gallica. |
Parmi les publications en grec de l’imprimerie Estienne, notons deux livres d’Histoire. Tout d’abord, les Antiquités romaines de l’historien Denys d’Halicarnasse (60-8 av. J.-C.) publiées à partir de 1546.
[[{"fid":"1953","view_mode":"default","fields":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false},"type":"media","field_deltas":{"1":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false}},"attributes":{"height":756,"width":497,"class":"file-default media-element","data-delta":"1"},"link_text":null}]] Page de titre en grec et latin de l’édition de 1546 des Antiquités romaines de Denys d’Halicarnasse. Cet exemplaire est très intéressant : il appartenait à Henri Estienne (l’un des fils de Robert), qui sera l’auteur en 1572 du Trésor de la langue grecque. On peut lire "Ex libris Henrici Stephani" sur cette page et à l’intérieur figurent des annotations manuscrites d’Henri Estienne dans les marges du livre. Source : Bibliothèque municipale de Lyon – Books.google.fr. |
[[{"fid":"1954","view_mode":"default","fields":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false},"type":"media","field_deltas":{"1":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false}},"attributes":{"height":734,"width":497,"class":"file-default media-element","data-delta":"1"},"link_text":null}]] Page annotée par Henri Estienne, le fils de l’imprimeur des Antiquités romaines de Denys d’Halicarnasse. Source : Bibliothèque municipale de Lyon – Books.google.fr. |
Autre historien grec édité par Robert Estienne : Dion Cassius (155-235), auteur d’une grande (quatre-vingts livres !) Histoire romaine. Renouard décrit ce volume comme une « première et belle édition, avec des corrections de Henri et de son père, qui se plaint avec raison de n’avoir pu imprimer ce livre que d’après un très mauvais manuscrit ».
[[{"fid":"1949","view_mode":"default","fields":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false},"type":"media","field_deltas":{"1":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false}},"attributes":{"height":650,"width":412,"class":"file-default media-element","data-delta":"1"},"link_text":null}]] Page de titre de l’Histoire romaine imprimée par Robert Estienne en 1548. Source : Bibliothèque municipale de Lyon – Books.google.fr. |
[[{"fid":"1950","view_mode":"default","fields":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false},"type":"media","field_deltas":{"1":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false}},"attributes":{"height":670,"width":411,"class":"file-default media-element","data-delta":"1"},"link_text":null}]] Le même livre annoté par Henri Estienne : la page de titre est presque illisible ! Source : Bibliothèque municipale de Lyon – Books.google.fr. |
[[{"fid":"1951","view_mode":"default","fields":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false},"type":"media","field_deltas":{"1":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false}},"attributes":{"height":662,"width":426,"class":"file-default media-element","data-delta":"1"},"link_text":null}]] Épître en latin de Robert Estienne en ouverture de l’édition de Dion Cassius. Source : Bibliothèque municipale de Lyon – Books.google.fr. |
[[{"fid":"1952","view_mode":"default","fields":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false},"type":"media","field_deltas":{"1":{"format":"default","field_file_image_alt_text[und][0][value]":false,"field_file_image_title_text[und][0][value]":false}},"attributes":{"height":653,"width":411,"class":"file-default media-element","data-delta":"1"},"link_text":null}]] Page de l’Histoire romaine annotée par Henri Estienne. Source : Bibliothèque municipale de Lyon – Books.google.fr. |
Ces ouvrages permettent de voir la collaboration de Robert et Henri Estienne et leur intérêt pour les langues grecques et latines.
Cette modeste incursion dans le catalogue grec de Robert Estienne a fait l’impasse sur de nombreux titres, comme les éditions grecques du Nouveau Testament et des auteurs tels Ésope et Euripide. Ces derniers seront à retrouver dans les prochaines chroniques ! « Noli altum sapere, sed time ».