La chronique Les dieux sont parmi nouspointe la « survie » des dieux, des héros et des mythes de l’Antiquité, dans les domaines les plus variés de la vie quotidienne, de la culture populaire, de la publicité, du cinéma, de l’art moderne, de la bande dessinée, de l’urbanisme, de la technologie ou de la science (astronomie, médecine)...
Le prétendu Apollodore (Bibliothèque, II, 1, 4-5) raconte ainsi la légende des Danaïdes : « [Danaos et Ægyptos sont des frères jumeaux]. Des nombreuses femmes qu’ils eurent, naissent à Ægyptos cinquante fils, et à Danaos cinquante filles. Lorsque plus tard ils se disputèrent le pouvoir, Danaos, craignant les fils d’ Ægyptos, construisit un bateau, y mit ses filles et s’exila. Il vint à Argos, où Gélanor, qui régnait alors, lui remit la royauté. [...] Mais les fils d’Ægyptos vinrent à Argos. Ils invitèrent Danaos à mettre un terme à sa haine et lui demandèrent d’épouser ses filles. Bien que Danaos tout à la fois se méfiât de leurs propositions et leur gardât rancune de son exil, il consentit à ces noces, et tira au sort la répartition des jeunes filles. Danaos, après le repas de noces, donne à ses filles des poignards. Elles tuèrent leurs nouveaux maris pendant qu’ils dormaient... »
Ce récit n’est pas très vivant. On trouve la violence de ces garçons harceleurs mieux évoquée dans les Suppliantes d’Eschyle, mais aussi dans cette chronique récemment découverte dont nous donnons la priorité à nos lecteurs :
« Il s’en passe des choses en Argos, le Pays lumineux ! Figurez-vous qu’on y a vu débarquer cinquante migrantes plutôt bronzées, pour ne pas dire plus, qui ramaient depuis l’Égypte. C’étaient cinquante sœurs, toutes à peu près du même âge, les filles d’un roi de ce pays, un certain Danaos : ils ont des familles bizarres là-bas ; d’autant qu’elles étaient harcelées par leurs cinquante cousins, aussi nombreux qu’elles. Elles ont demandé et obtenu le statut de réfugiées. Notre roi est trop bon.
Impossible de savoir ce qui leur a pris, à ces cinquante brutes de cousins. Tout le monde a été amoureux d’une cousine, mais de là à poursuivre toute la tribu au delà des mers... Elles ont dû céder ; ou plutôt faire semblant de se marier. En fait, leur père avait manigancé un piège. Et après la nuit de noces, elles sont sorties de la chambre nuptiale avec la tête coupée de leur mari à la main. Elles avaient peut-être entendu parler des Lemniennes qui un beau jour s’étaient débarrassées de tous les mâles de leur île.
Les gens sont terrifiés. Le vieux marchand de légumes déjà rencontré nous a dit : « Pourquoi avoir accepté sur notre sol ces migrantes hystériques ? Comme si on choisissait son mari, maintenant ! Ce n’est pas nos femmes grecques qui feraient pareille horreur ! » Sa femme qui était d’un autre avis, l’écarta brutalement ; une botte d’oignon à la main, la gaillarde criait qu’elles auraient dû leur couper non pas la tête, mais autre chose... Un point est clair : il faudra du courage à ceux qui voudront les épouser... Mais deux, deux sur les cinquante, ont tout de même trouvé le bonheur[1]...
[1] La suite se trouve apparemment sur un autre papyrus, actuellement en cours de déchiffrement.