Mais si, les dieux sont parmi nous ! En principe, plus personne ne croit en Jupiter ou en Vénus.
Pourtant, à défaut de les invoquer, nous les évoquons sans cesse, généralement sans le savoir. C’est que, bien souvent, il ne nous reste d’eux, comme il est dit de la rose depuis longtemps fanée chère à Umberto Eco, que le nom... Ainsi des jours de la semaine : on ne songe point à se battre le Mardi en l’honneur du dieu de la guerre. Pourtant ces noms évoquent bien « le jour de la Lune » (Lundi), le « jour de Mars » (Mardi), celui de Mercure (Mercredi), celui de Jupiter (Jeudi), celui de Vénus (Vendredi) — le seul, sans doute, dont la patronne soit honorée convenablement. Le week-end fait bande à part : notre Samedi provient du Shabbat sémitique, le « jour du repos », et le Dimanche (dies dominicus) est « le jour du Seigneur ». Mais les Anglais sont là pour nous rappeler que le Samedi (Saturday) est le jour de Saturne, et le Dimanche (Sunday) le « jour du Soleil »...
Ces dieux, il n’y a qu’à lever les yeux pour les voir : ce sont les planètes, ces « astres errants » — qui glissent doucement à la voûte du ciel, veillant sur nous, pauvres mortels...
P. S.
Voir par exemple : Jean Seznec, La Survivance des dieux antiques, Champs-Flammarion, 1993.