Les dieux sont parmi nous — Un monde désenchanté

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Les guerres, épidémies et catastrophes ne sont sans doute ni plus graves ni plus nombreuses que par le passé ; mais ce qui nous les rend insupportables, c’est qu’elles n’ont plus de visage. Du reste, la beauté, la chance, la jeunesse, l’amour et le courage ont également abandonné un peu de leur charme en perdant leur personnage, leurs liens de famille, leurs attributs, c’est-à-dire leur imaginaire... Bref, nous n’avons plus ni dieux ni fées, et notre monde est désenchanté ! Il faut écouter Brassens regrettant la mort du Grand Pan :

« Quand deux imbéciles heureux

S’amusaient à des bagatelles,

Un tas de génies amoureux

Venaient leur tenir la chandelle.

Du fin fond des Champs Élysées

Dès qu’ils entendaient un Je taime,

Ils accouraient à l’instant même

Compter les baisers.

La plus humble amourette

Était alors bénie

Sacrée par Aphrodite, Éros, et compagnie... »

De ce désastre, Brassens rend responsable « la bande au professeur Nimbus » qui a « frappé les cieux d’alignement... »[1]. Pour ma part, je propose de pardonner aux physiciens qui, après tout, font leur métier. Les astronomes, nous l’avons dit, se plaisent aux noms de dieux et de héros. Mais d’autres scientifiques sont de vrais « désenchanteurs » ! Quand il s’agit d’imaginaire et de rêverie, poètes et artistes y voient plus clair – au fond, c’est bien normal – que certains savants, que ces spécialistes des mythes qui affirment que les mythes n’existent pas, ou ces historiens de l’art qui considèrent tout sujet mythologique comme ridicule ou incompréhensible !


[1] On peut écouter la chanson de Brassens sur le site de l’INA