Pauline Lejeune enseigne le latin et le grec dans un lycée de la banlieue parisienne. C'est son choix. Partagez le quotidien d'un cours pas tout à fait comme les autres.
Achille, Alexandre, Jules César : les héros les plus célèbres de l’Antiquité sont avant tout des chefs de guerre. À l’instar de ces illustres exemples, le professeur de lettres classiques doit lui aussi posséder un sens aigu de la tactique et une capacité d’adaptation hors pair s’il veut lutter contre la barbarie. Sa première bataille ? l’enrôlement et le maintien des effectifs car, il faut bien le constater, les élèves motivés ne sont pas légion.
Pour ce faire, tous les stratagèmes sont bons :
- infiltrer les collèges environnants et tenter de retenir de force les quelques latinistes exsangues et les hellénistes qui, ne l’oublions jamais, sont généralement des transfuges qui ont déserté le camp latiniste.
- confectionner des affiches de propagande où l’humour et le décalage sont de mise pour vanter le « fun », le « swag », le « kiff ultime » du cours de latin. A ce propos, à l’intention de mes collègues qui débutent, rappelons qu’Astérix ne fait plus rêver les adolescents depuis une bonne dizaine d’années : misez plutôt sur 300 ou Percy Jackson.
- soudoyer les parents d’élèves en promettant des notes mirobolantes, des sorties culturelles multiples, et des voyages exotiques.
Alors j’entends déjà vos cris d’orfraie : un bon cours reste la meilleure arme, le professeur de latin n’ayant pas vocation à être un VRP. Il reste que sans l’atout suprême qu’est le coefficient trois au baccalauréat — véritable arme d’instruction massive — nos latinistes et hellénistes seraient nombreux à déserter sur-le-champ… de bataille.
Bref, je vous aurai prévenus : la meilleure défense, c’est encore l’attaque.
Si vis pacem, para bellum.
P. L.