Les classiques sont bien vivants entre les murs de la vieille Sorbonne, où latinistes et hellénistes continuent d’inscrire les temps anciens au sein du monde moderne ! Par Marie Anne Sabiani
Cette année, le souvenir de mai 68 est particulièrement présent, qu'on l'évoque avec nostalgie comme un formidable souffle de liberté, ou qu'on comptabilise les maux qui en ont découlé, mais ce n'est pas le souvenir de mai 68 qui s'invite aujourd'hui aux assemblées d'enseignants-chercheurs, c'est celui de mai 2009. Paris-Sorbonne s'est battue pendant quatre mois, en 2009, contre la loi LRU : le président de l'Université, les étudiants, les enseignants, les administratifs, nous étions nombreux. C'est une période restée douloureuse dans la mémoire de beaucoup. Ne pas faire cours, ne pas nous occuper des étudiants comme nous avons coutume de le faire, est une épreuve que nombre d'entre nous n'ont pas pu endurer, à l'époque. Ceux qui tenaient le coup biaisaient : en grève oui, mais avec une exception pour les agrégatifs, mais en rédigeant des cours envoyés par courrier électronique aux Licence. Nous réclamions la validation automatique du semestre, qui a été refusée. Nous avons donc fait passer des examens, car la perspective que nos étudiants puissent se retrouver les mains vides était, au sens propre, insupportable. Après quatre mois sans cours, le seul sens qu'ont eu ces examens était de nous faire comprendre à tous que nous avions perdu.
M.-A. S.
11 mai 2018