Les classiques sont bien vivants entre les murs de la vieille Sorbonne, où latinistes et hellénistes continuent d’inscrire les temps anciens au sein du monde moderne !
En dépit de la rhétorique ministérielle, il n’a échappé à personne que les langues anciennes étaient menacées. Les réactions ont été vives face à la réforme du collège annoncée, mais on finirait par soupçonner que le Ministère ne lit pas les courriers, pétitions, argumentaires qui lui parviennent, préférant continuer à clamer que le latin et le grec ne peuvent qu’être réservés à une minorité élitiste – et peut-être un peu bizarre – essentiellement soucieuse d’entraver la marche du progrès. Pourtant, parmi d’autres manifestations renommées, le festival des Dionysies apporte chaque année la preuve que les langues anciennes ne sont pas des fossiles. Cette année, y a été créée Lysistrata, retraduite par des amoureux du grec qui savent faire vivre au XXIe siècle une poésie plusieurs fois séculaire. Ils font rire, en incarnant ces femmes décidées à mettre fin à la guerre en imposant une cruelle abstinence à leurs époux. Ils impressionnent avec leurs masques, et charment quand ils font entendre la musique du grec. Le public ne se presse pas aux Dionysies pour être édifié, mais pour rire, ou pleurer, écouter, en tout cas, ces mots que chacun devrait avoir le droit de s’approprier.
M.-A. S.