Les classiques sont bien vivants entre les murs de la vieille Sorbonne, où latinistes et hellénistes continuent d’inscrire les temps anciens au sein du monde moderne !
Miscellanea, Mélanges offerts à …, les titres des recueils d’hommages aux professeurs partis se consacrer à leur passion loin de l’université ou appelés à un repos éternel alternent entre latin et français. Ils sont parfois agrémentés d’un sous-titre censé synthétiser l’essentiel d’une recherche, d’un domaine, d’une somme de travaux. Ainsi ces derniers années, a-t-on vu briller l’or sur le calame, la vérité triompher de l’apparence, se dresser un monument aere perennius et nous découvrirons bientôt une histoire des mots. Histoires des maux endurés par les latinistes, car si ces mélanges témoignent de l’admiration et de l’affection que leurs élèves et leurs collègues tiennent à exprimer (le plus souvent) avec sincérité, il n’en reste pas moins qu’ils sont le reflet de conceptions et d’entreprises parfois radicalement opposées pour envisager l’avenir de la discipline : repli sur soi, sur ce que les études latines peuvent avoir de plus desséchant au sein d’un cénacle minuscule, ouverture ample sur les littératures voisines et les échos répétés du latin à travers les siècles, dialogue entre les disciplines et insertion dans l’histoire des idées, des langues, des arts… Derrière ces conceptions des études latines, des personnalités aux antipodes les unes des autres, des luttes intestines, des effectifs qui ne sont que le reflet d’un projet, d’un ethos. Ils ont beau dire, les latinistes ne récoltent que ce qu’ils ont semé !