Les classiques sont bien vivants entre les murs de la vieille Sorbonne où latinistes et hellénistes continuent d’inscrire les temps anciens au sein du monde moderne !
Il y a quelques mois, nous célébrions le 25ème anniversaire de la chute du mur de Berlin…
La rue de la Sorbonne sépare l’UFR (unité de formation et de recherche) de grec de la Sorbonne, sise au 16 de la rue, de l’UFR de latin. Chacune dans son genre est unique, puisque nulle part ailleurs il n’existe d’entité autonome séparément dévolue aux deux langues anciennes. Glorieux vestiges de la vitalité passée, et superbes dans leur isolement, du côté des numéros pairs, donc, la bibliothèque de grec, ses sages, ses masques. De l’autre, la maison-mère, ses escaliers monumentaux, ses boiseries, ses parquets parfois glissants, ses ors parfois fanés, et sa bibliothèque de latin. Pas de masques, pas même d’imagines des nobles ancêtres (pas les anciens professeurs de l’UFR, non !), pas un médaillon offrant à l’admiration des lecteurs en quête d’inspiration les visages de Cicéron, Virgile, Érasme. En revanche, une restauration récente a rendu son lustre et son éclat à la salle de lecture, la dotant même des fauteuils de l’ancienne salle de lecture de la grande Bibliothèque interuniversitaire. Son annexe, la « petite bibliothèque », dans laquelle les moins de trente ans n’ont pas goûté l’émotion d’assister à des cours sur une mezzanine branlante, a même perdu son aspect d’antre poussiéreux, encombré de mémoires de maîtrise antédiluviens. Frontière symbolique, la rue de la Sorbonne, inlassablement traversée, retraversée, plusieurs fois par jour, par les étudiants, les enseignants, en dialogue perpétuel entre les mondes anciens.
A.R.