Un nouvel extrait de L'Affaire Agathonisi, notre polar de l'été, à retrouver en lecture intégrale ICI.
Les partenaires du projet, ou le menu humain de Georges
Quis, qui ? C’était, d’après ses souvenirs de latin, la liste des personnes qui participeraient au projet. Après mûre réflexion, et même si la maison pouvait accueillir facilement dix personnes, il s’était arrêté à cinq, lui compris. Cela ferait six en comptant le fils de Kostas qui leur servirait d’homme à tout faire. Chacun aurait sa chambre dans l’aile Est, sauf Nikos, qui dormirait dans l’arrière-cuisine.
La liste des invités, ou plutôt des participants au projet, était arrêtée depuis presque un an : il avait fallu de nombreux échanges de courriels pour obtenir que tous réservent fermement cette période de l’année. Il y aurait, outre Georges, deux hommes et deux femmes. Georges tenait absolument à cet équilibre, ou plutôt à ce déséquilibre, pour des raisons légèrement sexistes : il ne voulait pas que les femmes constituent un groupe trop dominant. Naturellement, il aurait beaucoup d’autres prétextes à avancer, si besoin.
Il tenait également à ce que les âges soient variés, toujours pour éviter la constitution de petits groupes. Le plus vieux serait Nigel, un Anglais de soixante ans, auteur de presque autant de livres à succès. Georges avait lui-même une petite cinquantaine. Claire, la libraire, devait frôler les quarante. Il y aurait Angela, formée à l’École normale de Pise et qui finissait à Paris une thèse de littérature comparée. Elle n’avait pas trente ans. Il y aurait Pierre, le blogueur, à peine plus âgé. Et puis Nikos, bien sûr, mais il était douteux qu’il participe aux discussions.
Georges esquissa un sourire. Il se sentait comme un dieu, ou comme un cuisinier qui compose un plat. Un peu anxieux tout de même. Mais il ne devait pas attendre bien longtemps pour en avoir le cœur net. Le lendemain aurait lieu la réunion préparatoire, où ils se verraient enfin tous les cinq pour fixer les derniers détails.