Un nouvel extrait de L'Affaire Agathonisi, notre polar de l'été, à retrouver en lecture intégrale ICI.
Philio, l’héroïne du futur roman collectif : sexy et compétente, forcément compétente
« L’émir tenait à mener la négociation lui-même. Fabio et Philio étaient convoqués au Meurice ce jeudi à dix heures trente. Malgré ses origines modestes – sa mère l’avait élevée seule, dans une banlieue pauvre et perdue –, Philio avait su prendre confiance en elle, elle avait appris à s’habiller, à se maquiller et à marcher comme une princesse, tout en suivant de bonnes études générales. Son corps parfait, la vivacité de ses grands yeux verts, constituaient des auxiliaires précieux.
Mais Fabio, avec sa fortune, son goût du luxe et de la fête, lui avait offert mille occasions de vraiment déployer son talent. Elle avait beaucoup progressé. Quand elle passait dans les halls d’hôtels, grande, altière et souple, il n’était pas rare que les clients hommes, ou femmes d’ailleurs, s’arrêtent de parler ou lèvent les yeux de leur journal pour la regarder approcher, bouche-bée. Certains perdaient toute dignité et, après son passage, fixaient les mouvements élastiques du bas de son dos en écarquillant les yeux, la bouche toujours ouverte, sans se soucier du spectacle qu’ils donnaient.
Pour un rendez-vous d’affaires, mais avec un personnage qui, quoique émir, n’en était pas moins homme, il fallait jouer serré, entre la séduction et le professionnalisme. Philio choisit dans son dressing bien fourni une petite robe d’un bleu intense à col rond. C’était une robe droite, mais la jeune femme décida de l’agrémenter d’une chaîne dorée qu’elle porterait en ceinture lâche et qui soulignerait sa taille. Ses cheveux bruns seraient roulés en lourde torsade sur sa nuque, maintenus par un gros peigne de bakélite noire. Elle porterait des chaussures noires à talon, mais pas trop hautes, et un sac noir de chez Lancel assez grand pour contenir des documents. Son seul bijou : un solitaire offert par Fabio la semaine précédente, choisi pour mettre en valeur sa longue main racée.
Philio s’attendait à devoir prendre un taxi. Quelle ne fut pas sa surprise quand, du perron de leur immeuble, avenue Mandel, elle vit l’interminable limousine noire qui les attendait. Fabio guettait amoureusement les moindres signes de son plaisir. Mais elle ne voulait pas paraître trop étonnée. Elle lui destina un doux sourire agrémenté d’un très discret clin d’œil, qui remplit le jeune homme d’énergie.
Il en fallait, de l’énergie, pour la négociation. L’émir était grand seigneur mais dur en affaires. »