Un Singe pour 2016 !

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Rhyton, la mascotte de la Vie des Classiques, bondit de joie jusqu’à la Chine : 2016 sera l’année du Singe ! 

Amis des Classiques, vous avez sans doute appris que le 8 février dernier commençait la nouvelle année chinoise, sous le signe du Singe. Meilleurs vœux à tous !

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En chinois, ce que nous traduisons par « singe » est le terme hou 猴, qui désigne plus spécifiquement les macaques et autres petits singes à queue. Il n’est donc pas question d’année du gorille, ni du gibbon, ni du chimpanzé ! Le singe (à queue, donc) a la réputation d’être intelligent, mais aussi d’être fanfaron, indiscipliné et de ne pas tenir en place. Il existe une expression très connue en chinois, « un macaque portant bonnet » (muhou er guan 沐猴而冠, tirée du grand historien Sima Qian) ; elle désigne un homme qui n’a pas les qualités qu’il est censé avoir, un peu comme dans notre proverbe « l’habit ne fait pas le moine ». En effet, si un macaque porte un bonnet, il y a fort à parier qu’il ne le garde pas très longtemps ou que l’on s’aperçoive que cela n’a rien de naturel !  Cela dit, cette année du Singe n’est pas mauvaise en soi, sauf pour les personnes qui sont du signe du Singe (donc âgées de 12, 24, 36, 48… ans). Il existe cependant un moyen pour conjurer le sort : porter toute cette année un habit ou un accessoire de couleur rouge !

Quand on parle de singe en Chine, on pense immédiatement au plus célèbre d’entre eux, Sun Wukong, héros du roman La Pérégrination vers l’ouest (Xiyou ji*). On le connaît également en France sous la prononciation japonaise de Sangoku, car il apparaît dans le dessin animé Dragon Ball.
Dans le roman, Sun Wukong est un farceur intelligent et hyperactif, héros aux mille facéties, qui exaspère les dieux et son entourage, tout en les attendrissant. Les premiers chapitres du roman ont fait l’objet en 2014 d’un film absolument superbe, que j’ai adoré de bout en bout, The Monkey King, de Cheang Pou-soi. Je préfère de loin le titre en chinois, La Pérégrination vers l’ouest — Grand tumulte au Palais céleste (Xiyou ji zhi Da nao Tiangong**). On l’aura compris, le grand tumulte en question est causé par Sun Wukong (joué par Donnie Yen), que l’empereur céleste (Chow Yun-fat), le roi des dieux, accueille au sein de son Palais, version chinois de l’Olympe. Le film est une sorte de Choc des Titans dans l’Empire du Milieu, où se croisent dieux, déesses et animaux fabuleux du folklore chinois, comme la renarde. Les auteurs n’ont pas respecté à la lettre le roman et ont incorporé des éléments provenant d’ailleurs, mais le résultat est un régal pour les yeux.

Un deuxième film est sorti le jour du nouvel an : La Pérégrination vers l’ouest — Par trois fois Sun Wukong frappe la Dame au squelette blanc (Xiyou ji zhi Sun Wukong sanda Baigujing***). Son titre commercial est The Monkey King 2.
Il s’agit de l’adaptation du chapitre 27 du roman, un épisode très connu. Sun Wukong accompagne un moine bouddhiste, Xuanzang, dans sa quête vers l’Occident (en fait l’Inde) pour aller chercher des soutras. La plus grande partie du roman narre les innombrables difficultés que la petite équipe rencontre sur son chemin. Le chapitre 27 raconte comment Sun Wukong défendit ses compagnons contre une créature maléfique, la Dame au squelette blanc (jouée par Gong Li), capable de changer de forme et de ressusciter. Il me tarde de voir ce film !

Damien Chaussende

Damien Chaussende est sinologue, chercheur au CNRS, membre du Centre de Recherche sur les Civilisations de l’Asie Orientale (UMR 8155). Ses recherches portent sur l’histoire et l’historiographie de la Chine classique. Il est l’auteur de Des Trois royaumes aux Jin (2010, prix Giles 2013 de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres), de La Véritable histoire du Premier empereur de Chine (2010) et de La Chine au XVIIIe siècle (2013). Il est également le traducteur du Traité de l’historien parfait. Chapitres intérieurs de Liu Zhiji (2014).

* Traduit en français par André Lévy, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade.

** Voire la bande annonce ici.

*** Bande annonce ici.

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