Et si nous passions l’année à parcourir le zodiaque ? À chacun son signe !
Ramenés à Basse Époque d’Égypte par les voyageurs, nos signes du zodiaque évoquent séparément des concepts utilisés dans la symbolique égyptienne. Ces signes apparaissent dès le Moyen Empire (XXI-XVIIIe s. avant notre ère) regroupés comme ornement de plafond ainsi qu’à l’intérieur des couvercles de sarcophage, répartis autour de la figure de Nout (la voûte céleste), reprenant la distribution des mois selon le calendrier des anciens Égyptiens.
Notre zodiaque des magazines féminins en est l’héritier direct.
Après les eaux répandues du Verseau, viennent naturellement les poissons. Ils représentent la Tilapia nilotica, ou poisson « inet » (nommé loulti par les pêcheurs égyptiens actuels) de la période ramésside, que le défunt prenait à la ligne dans l’iconographie. Il s’agit de son âme d’hier et de son âme de demain, symbole dédoublé attaché par la double ligne. Le défunt qui va revenir avec l’Inondation est encore retenu dans les eaux primordiales, habitant de l’onde. Cette scène de chasse et de pêche illustre à toutes les époques les chapelles funéraires égyptiennes : il s’agit des efforts du trépassé pour récupérer ses deux âmes.
À l’époque chrétienne, le poisson est devenu le symbole du Christ car son nom en grec Ichtus correspond à l’acrostiche Iesos Christos Theou Uios Sôter (Jésus Christ Fils de Dieu Sauveur). Ce signe de ralliement, qui prévalut jusqu’à la fin du IVe s., s’explique aussi par l’usage du bassin qui contenait l’eau du baptême, piscina ou « étang aux poissons » ainsi que par la parabole des Apôtres pêcheurs d’hommes. Les personnes nouvellement converties sont appelées chez Tertullien pisciculi « petits poissons », en référence à l’Ichtus, le poisson étant lui-même, avec le pain, un symbole de la Cène. Par ailleurs, les penseurs chrétiens ont remarqué que, lors du Déluge, les poissons furent épargnés par la colère divine.
En alchimie, deux poissons dans un fleuve représentent le soufre (principe mâle et actif associé au feu) et le mercure (principe femelle passif associé à l’eau) une fois qu’ils sont dissous. Le signe du Poisson est le dernier signe du zodiaque, et règne sur l’ère actuelle qui, selon certains astrologues, touche à sa fin. Il conserve donc sa perspective eschatologique initiale, d’une fin s’ouvrant sur un (re)commencement.
Comment ne pas mentionner ce grand converti, doublement Poisson, qu’est Constantin, né un 27 février 272 qui a vaincu sous le signe et permis au Christianisme de devenir la religion officielle !
D’aucuns diront que c’est à cause de l’ouverture de la saison de la pêche !
Christelle Laizé et Philippe Guisard