Chroniques anachroniques – Feuilleton astral 7 : le Lion

Et si nous passions l’année à parcourir le zodiaque ? À chacun son signe !
Ramenés à Basse Époque d’Égypte par les voyageurs, nos signes du zodiaque évoquent séparément des concepts utilisés dans la symbolique égyptienne. Ces signes apparaissent dès le Moyen Empire (XXI-XVIIIe s. avant notre ère) regroupés comme ornement de plafond ainsi qu’à l’intérieur des couvercles de sarcophage, répartis autour de la figure de Nout (la voûte céleste), reprenant la distribution des mois selon le calendrier des anciens Égyptiens.
Notre zodiaque des magazines féminins en est l’héritier direct.

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Au centre des douze signes, au moment du zénith où le soleil resplendit sur le monde, advient l’instant sacré où l’inondation va se manifester sur le sol de l’Égypte, après avoir été annoncée par l’étoile Sothis au firmament pâle de l’aube. Symbole fort, le lion incarne le soleil au plus chaud de l’année, manifeste l’épanouissement de la nature sous les chauds rayons du Soleil, son maître planétaire. Osiris, victime de Seth, est ramené momentanément à la lumière du jour par la force de Rê. Le Lion symbolise la renaissance : la civière où était déposée la momie avait souvent la forme d’un lion ou était ornée de pattes de félin. En outre, il avait une valeur apotropaïque et c’est à partir de l’image du lion que le Sphinx a été conçu. Il n’en faut pas plus pour faire des natifs de ce signe des passionnés, des êtres actifs, mus par la volonté d’agir vers un but. Les Lions sont des êtres de forte nature, tout en réalisme, en efficacité, en vigueur concrète, en présence physique. 

Citons pour illustrer le réalisme et l’efficacité du signe, l’Empereur Claude, né un 1^er août de l’an 10 av. notre ère, qui élargit la citoyenneté aux provinciaux (notamment ceux de Gaule d’où il est originaire), renouvelle et remet en ordre les effectifs du Sénat.

Pour finir, revenons à trois signes énigmatiques situés entre le Cancer et le Lion, exactement dans l’axe de la tête du Christ et étranger au zodiaque classique : un chien aux membres ramassés sous son corps ; un corps momiforme replié sur lui-même et enfin une femme-poisson. Il s’agirait, dans l’ordre, de la petite chienne Sothis qui annonce la nouvelle année, puis la momie d’Osiris renaissant et enfin cette attitude de chrysalide, le corps lové, les pieds touchant la tête. C’est l’évocation du phénomène du jour de l’an, la réapparition de la chienne Sothis, Osiris sortant de sa chrysalide, pour se manifester en nouveau soleil, et enfin l’arrivée du flot qui ramène la Lointaine (inondation), évoquée par la sirène. Ces trois signes correspondent aux cinq jours supplémentaires (épagomènes) pour faire correspondre le calendrier avec les mouvements célestes. L’image du Christ associait ainsi l’apparition du renouveau du cycle annuel avec l’action du créateur (d’où les constructeurs de cathédrale tenaient-ils ces références ?).

En tout cas, depuis les deux têtes de lion qui encadrent le célèbre trône de Toutankhamon, en passant par les fameuses deux lionnes qui encadrent la porte d’accès de Mycènes, les divers sphinx, le fauteuil pliant défendu par deux têtes de lions de Philippe le Bel, jusqu’au lion de Belfort ou le lion Clemenceau et le roi Lion, ce signe est resté d’une symbolique très stable.

Quant à vous, cet été, ne soyez pas comme un lion en cage, rugissez de plaisir !

Christelle Laizé et Philippe Guisard