Saisir à chaque fois en quelques lignes une des innombrables contradictions du temps présent, aller en elle la faire parler de nous, s’y aidant par contraste d’une possible… « survie des classiques » ! — et le tout, banalement, dans le double respect des Lumières (la raison seule permettant de croire sans violence) et de la poésie (seule capable, au fond, de débusquer — quand il faut — la violence de la raison même).
« La vie des Classiques » : un bon titre. C’est que la vie des classiques est moins celle qu’ils ont que celle qu’ils donnent. Ils donnent le goût de la perfection, de la constance, de la clarté : ils croient, non incarner les idéaux, mais ne pas pouvoir se passer d’eux. Ils complètent les normes nécessaires de la vie des exigences suffisantes de beauté (qui intimide utilement ceux que la laideur paralysait) et de vérité (qui éclaire agréablement ceux qu’éblouissait la fausseté).
Les Modernes reprochent à cette vie son impersonnelle objectivité et sa sacro-sainte indépassabilité. Mais le classicisme ne prétend pas donner une capacité d’aimer, mais la seule occasion d’admirer et le seul courage de respecter. De même pas un droit de s’adapter, mais la contrainte d’oeuvrer, et la joie d’épargner… un Père.
Vie des classiques, enfin, c’est mort des seuls post-modernes ; nos nihilistes tiennent pour rien ce qui fait vivre, et donc mourir : détruisons donc classiquement la terreur avant qu’ils n’aient achevé de la déconstruire.
M. W.