Cette chronique raconte la vie des Classiques à la Renaissance. Des contemporains de l’humaniste Guillaume Budé (1467-1540) permettent de voir comment l’Antiquité alimente la culture, la pensée et la langue de l’époque. Hommage à l’ancêtre du Gaffiot, l’imprimeur Robert Estienne est le premier invité des Amis de Guillaume Budé. Sa devise : « Noli altum sapere, sed time », c’est-à-dire « ne t’élève point par orgueil, mais crains ».
La dernière chronique était consacrée au portrait de Lefèvre d’Étaples par Théodore de Bèze. Il aurait été dommage de ne pas feuilleter Les vrais portraits des hommes illustres : on y trouve notamment Érasme, Guillaume Budé et Robert Estienne.
L’humaniste Érasme figure dans la deuxième section, celle consacrée aux « principaux instruments desquels Dieu s’est servi du temps de nous et de nos pères, pour remettre sur la vraie religion en Allemagne ». On sent dans le portrait d’Érasme que Théodore de Bèze n’est pas toujours d’accord avec lui, mais il est « content de lui donner place en cet endroit ».
« Combien que de notre temps, D. Erasme de Rotterdam, soit monté jusques au sommet de gloire souveraine, par la grande vivacité de son esprit, et par une singulière adresse qu’il avait de bien exprimer ses conceptions ».
Illustration 1 : En face à face, portrait d’Érasme en image et en mots. Source : Les Bibliothèques Virtuelles Humanistes. |
Comme Jacques Lefèvre d’Étaples, Guillaume Budé et Robert Estienne figurent dans la cinquième partie de son ouvrage, dédiée aux « illustres Français : aucuns desquels ont remis sus l’étude des bonnes lettres, les autres ont rétabli la vraie Religion en France ». Théodore de Bèze s’adresse à Guillaume Budé : « Que l’on te voie maintenant, docte Budé, comme huissier de ton Roi, puisque sous l’autorité de celui-ci, réveillé par ton sage conseil, la France et tous les Français se reconnaissent obligés à ton érudition de la connaissance qu’ils ont de la langue Grecque. […] Les Muses Grecques, chassées d’Hélicon, et reçues à Paris par ton moyen, t’ont pleuré, et regretteront ton trépas à jamais. » Théodore de Bèze modère ses compliments : « Ta louange fut parvenue à sa perfection, si tu eusses conjoint à ce tien savoir incomparable, et à ta vie innocente, une connaissance de la vraie Religion. » |
Illustration 2 : Portrait de Guillaume Budé faisant face au texte de Théodore de Bèze le concernant. Source : Les Bibliothèques Virtuelles Humanistes. |
Illustration 3 : Robert Estienne dans Les vrais portraits des hommes illustres. Source : Les Bibliothèques Virtuelles Humanistes. |
Illustration 4 : Double page sur Robert Estienne. Source : Les Bibliothèques Virtuelles Humanistes. |
Robert Estienne est, selon Théodore de Bèze, le plus excellent de tous les imprimeurs. « Nous te sommes redevables du plus exquis enrichissement et ornement qu’ait aujourd’hui la langue hébraïque : tu nous as fait voir des caractères grecs les plus beaux qu’il est possible, et as donné vie ou remis en vigueur un grand nombre de bons auteurs grecs et latins : bref tu nous as donné un trésor de la langue latine, amassé d’une adresse inestimable et par infinis travaux, des plus doctes auteurs anciens. » Bèze insiste ensuite sur les éditions de la Bible imprimées par Estienne et l’exil choisi par ce dernier pour le repos de sa conscience. |
« Pour profiter à tous, de quelque condition que soient. »