Cette chronique raconte la vie des Classiques à la Renaissance. Des contemporains de l’humaniste Guillaume Budé (1467-1540) permettent de voir comment l’Antiquité alimente la culture, la pensée et la langue de l’époque. Hommage à l’ancêtre du Gaffiot, l’imprimeur Robert Estienne est le premier invité des Amis de Guillaume Budé. Sa devise : « Noli altum sapere, sed time », c’est-à-dire « ne t’élève point par orgueil, mais crains ».
Dans la notice biographique de Jacques Lefèvre d’Étaples, nous avions évoqué les dernières années de l’humaniste : au début des années 1530, Marguerite de Navarre, la sœur de François Ier, appelle Lefèvre d’Étaples près d’elle à sa cour de Nérac, où il meurt en 1536. Avant de clore ces chroniques sur Jacques Lefèvre d’Étaples, intéressons-nous à sa protectrice.
Connue aussi sous les noms de Marguerite d’Angoulême, Marguerite de Valois ou Marguerite d’Alençon, Marguerite de Navarre, née le 11 avril 1492 à Angoulême, perd son père Charles d’Orléans comte d’Angoulême en 1496. C’est Louise de Savoie sa mère, qui confie l’éducation de ses enfants – Marguerite et François – à François de Moulins et Robert Hureau. Charles IV duc d’Alençon, épouse Marguerite le 2 décembre 1509. Lors de la défaite de Pavie en 1525, Marguerite de Navarre se retrouve veuve, sans enfant, et doit négocier la libération de François Ier, prisonnier de Charles Quint. Elle se remarie le 24 janvier 1527 avec le roi de Navarre, Henri II d’Albret, avec qui elle aura deux enfants, mais seule sa fille Jeanne d’Albret survivra. « Dès 1517 elle s'intéresse aux idées d'Érasme et à la Réforme ; on traduit pour elle les textes de Luther et de théologiens réformistes. En 1521 son directeur de conscience Lefèvre d'Étaples lui fait connaître Guillaume Briçonnet ; les lettres qu'ils échangent pendant trois ans guident Marguerite dans un itinéraire spirituel dont elle ne s'écartera pas. Sous sa tutelle, le cercle de Meaux, qui propose une réforme du clergé et l'étude des Saintes Écritures, publie en français les premiers textes évangélistes écrits en France et outre-Rhin. Elle s'entoure de conseillers spirituels et de prédicateurs que la Faculté de Théologie de Paris considère hérétiques et blasphémateurs. » (Régine Reynolds-Cornell, notice biographie de Marguerite de Navarre pour le site de la Siefar) Tout en restant catholique, Marguerite de Navarre protège les réformés. Après l’Affaire des Placards (1534), Marguerite de Navarre et son mari, accueillent les exilés sur leurs terres en Béarn. C’est à cette époque qu’elle commence à écrire ses comédies bibliques et profanes. « Durant ces années elle écrit La Coche, de nombreux poèmes et le Triomphe de l'Agneau. Elle fait également traduire le Décameron par Le Maçon et commence son unique œuvre en prose, l'Heptaméron. En 1545 elle [...] rompt avec Calvin, qui critiquait ses conseillers spirituels. En 1547, elle publie à Lyon les Marguerites de la Marguerite des Princesses, un prudent florilège de ses œuvres. S'acheminant vers la Cour où son frère l'a invitée, elle apprend sa mort et s'arrête à Tusson où elle écrit la Navire, une partie des Prisons et complète les Chansons Spirituelles. » (Ibid.) Après le mariage de sa fille Jeanne d’Albret avec Antoine de Bourbon-Vendôme en 1548, Marguerite de Navarre « se retire à Odos où elle meurt le 21 décembre en l'absence de son époux, appelé à Paris. » (Ibid.) Protectrice de nombreux humanistes, Marguerite de Navarre figure dans Les vrais portraits des hommes illustres de Théodore de Bèze qui reconnait que « plusieurs bons personnages » lui doivent la vie. |
Illustration 1 : Portrait de Marguerite de Navarre (1492-1549), par Jean Clouet, vers 1527. Source : Musée de Liverpool. Illustration 2 : Double page sur Marguerite de Navarre dans Les vrais portraits des hommes illustres de Théodore de Bèze. Source : Les Bibliothèques Virtuelles Humanistes. |
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