L’histoire de Marcus Cornelius Rufus débute en l’an 692 de Rome (soit 61 ans avant notre ère) dans la colonie romaine de Pompéi, à l’ombre du Vésuve, dans la riche province de Campanie.
Le triclinium n’est pas tout à fait une pièce comme les autres. À l’intérieur de la domus qui est, en quelque sorte, le temple privé de la famille, la salle à manger reste le lieu qui symbolise l’univers. Le plafond représente le monde des dieux, la table posée entre les trois lits de banquet symbolise la terre et le sol figure le séjour des morts. Pendant la cena, le maître de maison devient le maître de l’univers et tout est fait pour que le flux magique qui traverse ces trois mondes ne soit entravé par aucun lien (d’où la nécessité de ne porter ni ceinture ni chaussures à lacets). Les trois lits de banquet sont disposés en U ; Caius, sa femme et son fils occupent celui de gauche, les hôtes de marque celui du fond (avec Pison au centre) et les autres convives celui de droite. Tous n’ont pas manqué de saluer le Lar familiaris placé sur le laraire. Tout ce rituel contribue donc à nimber ce repas d’un caractère sacré. C’est dire combien Marcus est impressionné, plus encore par les gestes à observer et par l’atmosphère particulière qui se dégage de cette « cérémonie », que par la symphonie des plats qui vont défiler sous ses yeux, portés par une théorie d’esclaves recueillis.
J-N. R.